Improbable film
de Georges Lautner, bien loin de ses célèbres Tontons flingueurs et autre Pacha.
Bien plus qu’un genre différent, c’est à la fois un autre univers et un autre
style qu’explore ici Lautner, montrant une variation étonnante dans la
palette de ses talents.
Ethéré, lunaire,
très typé hippie années soixante-dix et surtout complètement américain, il est
difficile de voir un lien entre Sur la route de
Salina et la bande à Ventura et Blier, avec ses beuveries et
autres bourre-pifs pimentés des bons mots d’Audiard.
Accompagnés d'une
musique envoûtante et psychédélique, la douceur perdue de Jonas, l’érotisme
chaud de Billy et la folie douce et inquiète de Mama composent une toile lente, brûlante et très minérale. Plus que l’intrigue elle-même, c’est son traitement
radical qui surprend, avec le très bon Robert Walker dont le personnage de
Jonas, détaché et perdu, provoque la même distance au monde chez le spectateur,
qui s’interroge sur ce qui se passe – comme Jonas – mais avec le même recul un
peu éloigné, comme étranger au monde.
Liberté, amour incestueux,
frustration sexuelle, solitude, meurtre, tout y passe, derrière la chaleur et
le décor vide et minéral (le couple parcourt même les pouzzolanes de Lanzarote,
dans un paysage bien peu californien pour le coup).
Les rires cruels de Billy, en fin de film, renvoient directement – avec la même conclusion tragique – à La Chienne de Renoir.
Tarantino évoquera le film dans son Kill Bill vol. 2, en y replaçant le planant Sunny Road to Salina de Christophe, au moment où son héroïne parcourt le désert minéral, comme le faisaient Jonas et Billy, perdus dans leurs dérives.
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