Même s’il n’est
pas un grand film, L’Extase et l’Agonie
procure un certain plaisir : celui de voir Michel-Ange à l’œuvre, le nez
collé au plafond de la Sixtine, en haut de son immense échafaudage. Bien sûr
cet aspect est très documentaire mais, pour le coup, il n’est pas dénué
d’émotion. Les décors d’ailleurs sont remarquables : c’est qu’il a fallu
reconstituer le plafond de la chapelle Sixtine en cours d’élaboration, avec
les légendaires panneaux – dont on aura vu les dessins – progressivement
enduits, décalqués et peints.
Charlton Heston
fait un Michel-Ange très crédible : passablement misanthrope, au caractère
impossible, mais conscient de son art. Mandaté par le pape lui-même (le très
haut en couleur Jules II, bien campé par Rex Harrison), il se retrouve, pour
des années, à même le plafond, plaqué contre la paroi, tout en haut, seul. Le
film montre combien il est prisonnier de son génie : condamné au labeur
solitaire de celui qui tutoie le divin – puisque lui seul parle le langage des
Dieux, loin des autres hommes. Cet aspect magnifique d’une grandeur qui dépasse
l’Homme et l’accable est très bien rendu.
Il y a dans L’Extase et l’Agonie cet aspect fascinant
du cinéma qui tente de mettre des images – saisissantes qui plus est –
sur un moment qui nous échappe : celui de la création. On est bien sûr dans
la fiction, loin du procédé imaginé par Clouzot dans Le Mystère Picasso, mais, à sa façon, le film s’approche tout près
du geste du peintre, de son état mental et de la façon dont il est happé par
l’œuvre.
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