Incroyable et
méconnu film de John Ford qui, loin des westerns ou de l’Irlande, se tourne du côté des îles, entre Tahitiens et
Français.
Il décrit (avec
un zeste de naïveté) un univers paradisiaque puis il met en place une injustice,
de plus en plus violente, lorsque Terangi est progressivement frappé par le destin.
Et, quand Terangi semble définitivement condamné (ou bien à la prison pour
des années ou bien à l’exil loin des siens), l’ouragan du titre se
déchaîne sur l’île.
En une longue
séquence incroyable, les vagues viennent peu à peu déferler sur les maisons, déraciner
les arbres, renverser les bateaux. Et l’église, même, que l'on pense hors d’atteinte,
se fera balayée. Certains s’attachent aux arbres, d’autres se réfugient dans des
pirogues, d’autres encore chantent et prient dans l’église, dont il faut
bientôt soutenir les murs qui menacent de s’effondrer, sous les coups de butoir
des vagues.
La puissance de cette séquence surprend : on tient là – dès les années 30 – un film catastrophe qu'il sera difficile d'égaler, à la fois par son sens de l'absolu (c'est tout un univers qui est détruit) et, bien plus encore, par l'inversion qu'il propose : les films catastrophes montrent d'ordinaire une destruction qu'il s'agit d'empêcher ou à laquelle on survit péniblement, dans un monde dévasté. Ici, dans L'Ouragan, cette destruction est la condition même d'une nouvelle vie. En effet, par ce Déluge
de fin du monde, tout est balayé, sauf Terangi et les siens, accrochés à un arbre
– tel Noé réfugié dans son arche – ainsi que quelques barques miraculées. Les
autres habitants meurent, comme autant de victimes expiatoires. Mais, au
lendemain du Déluge, Terangi, absout, pourra désormais vivre heureux auprès des
siens.
En fin de carrière, Ford reviendra sur les îles, dans La Taverne de l’Irlandais, mais loin des châtiments divins et avec un tout autre ton, celui des amitiés viriles et complices.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire