Au milieu de
tous les biopics français qui ont envahi les écrans depuis quelques années (la
mode née à Hollywood a été importée à partir de La Môme), on s’attardera sur le Saint Laurent
de Bertrand Bonello, qui semble très au-dessus de la masse des films du genre.
Et très au-dessus, en particulier du Yves
Saint Laurent de Jalil Lespert, sorti à peine quelques mois plus tôt.
Le grand atout
de ce biopic est qu’il ne cherche pas à raconter la vie du couturier, ni dans
son ensemble ni sur une partie de sa vie, mais qu’il cherche à saisir la
substance du personnage. Ici c’est le créateur qui intéresse Bonello. Ses
frasques, ses réussites, ses désenchantements, tout cela passe au second plan.
Ce qui est montré, avec une certaine dureté, c’est la solitude du personnage,
perdu dans son univers de création. Un génie, nous dit le film, est un homme
seul. Autour de lui, ses amis ne peuvent pas le comprendre, à commencer par
Pierre Bergé, homme d’affaire, qui ne parle pas le même langage. Être ami,
amant, se soucier de l’autre, passer du temps avec lui, le faire rire ou le
faire souffrir, finalement, tout cela n’est rien : Saint Laurent reste
seul.
Une des grandes
idées du film est d’avoir choisi de prendre un autre acteur – et quel acteur –
pour interpréter Yves Saint-Laurent âgé : il s’en remet à Helmut Berger,
qui apporte avec lui – avec ses rides et son style – une autre part de
mythologie artistique : on pense à Visconti, bien sûr, à Louis II de
Bavière, à ces hommes seuls, absorbés par l'art, en décalage avec leur temps. Yves Saint-Laurent, alors, nous suggère le film, n’est plus tout à
fait seul, ou disons qu’il n’est plus seul à être seul. Comme si tous ces
artistes qui évoluent hors du monde des hommes communs avaient une solitude
irrémédiable, comme un prix à payer pour leur génie.
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