Avec une vista
évidente, Oliver Stone entraîne le spectateur dans un maelstrom d’images et
d’ambiances, renchérissant sans cesse sur la violence à la fois de l’image et
du propos.
Il y a, et c’est
inévitable, une part de complaisance, dans un film très violent qui a la violence
pour sujet, un film spectaculaire qui parle de la spectacularisation de la violence
par les médias, un film qui crée des personnages iconiques (1) en traitant de
Mallory et Mickey (révélant Woody Harrelson, dont la perpétuelle ironie
bestiale envahit l’écran) qui deviennent des stars des médias, un film, enfin,
dont la forme tend à fasciner et qui dénonce la fascination pour la violence.
Oliver Sone fait
jaillir son film en tous sens hors de l’écran, créant un chaos d’images, une
rupture permanente de tons, de rythme, balançant sa caméra en tous sens,
multipliant les saynètes, zappant d’un style à l’autre, ralentissant un instant
pour mieux accélérer, comme un gigantesque clip. D’emblée la forme reflète le
fond du propos : la violence, la médiatisation, la télévision et son zapping,
la publicité et les sitcoms, tout cela s’immisce de plus en plus dans le style
d’Oliver Stone. Le film, alors, ne montre pas seulement la violence
frénétique : il devient frénétique et violent lui-même, dans sa forme.
Avec plusieurs milliers de plans (plus que les expérimentations les plus ardues
d’Eisenstein) qui sont compressés et malaxés, tantôt en noir et blanc, tantôt
en lumière filtrée ou teintée, Oliver Stone singe ici une publicité ou un
mauvais feuilleton, glisse là des images d’archives, et, bien entendu, accorde
à ce chaos d’images une bande son ad hoc,
où Leonard Cohen côtoie l’opéra.
Dans ce road movie
sexualisé, noir et sans espoir, mix carnavalesque, déjanté et ultraviolent de Bonnie & Clyde et de La Balade sauvage, Oliver Stone délivre
une vision cinglée, frénétique et corrosive d’une Amérique malade, qui ressort
en lambeaux après le déferlement de cette charge frénétique, ininterrompue et
vénéneuse.
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