Si Marina de Van
semble bourrée d’idées dans ce premier film prometteur, on regrette aussi, en
suivant la même logique, qu’elle n’aille pas au bout de son idée.
En effet, si le
film est axé sur la découverte, par son personnage, de son corps, de ses
troubles ou de ses penchants, on ne sait pas trop comment, ensuite, elle va pouvoir
composer avec, dans sa vie sociale. On aimerait un peu la retrouver au
boulot scarifiée comme elle est. C’est-à-dire qu’il manque peut-être une
seconde confrontation (la confrontation sociale) après celle d’Esther face à
elle-même. Notons que l’on regrette moins la confrontation avec son ami, puisqu’on
a bien compris qu’il s’énervait sans trop chercher à comprendre et, surtout, on
ne regrette pas Laurent Lucas qui surjoue médiocrement et péniblement.
Pour le reste, l’ensemble
est plutôt réussi, notamment la scène du repas, où Esther devient non seulement
étrangère à ce qui se dit autour d’elle, mais aussi, de façon plus fine,
étrangère à son propre corps. Au-delà des scènes évoquées qui tournent au gore, le malaise est très bien rendu, avec par exemple
le désespoir d’Esther quand elle découvre que les petits bouts de peau qu’elle
a arrachés, sèchent et meurent. On pense à La Mouche, quand Brundle, en perdition, garde comme autant de
reliques, les organes qu’il perd peu à peu dans une armoire terrible.
Et de Van, bien sûr, a le bon goût de ne rien dire des pulsions d’Esther, ni d’où
elles viennent ni où elles vont. Rien d’autre que des sensations folles qui
surgissent et l’assaillent.
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