Étonnant film de
Quentin Dupieux qui s’amuse à mélanger et à faire se rejoindre plusieurs histoires.
Très vite le film prend un ton tout à fait absurde et les histoires qui étaient
dissociées s’emboîtent progressivement pour, finalement, tourner sur elle-même,
un peu comme un serpent se mort la queue. Ces relations impossibles évoquent
les constructions de M. C. Escher qui tournent à l’infini.
Chute d'eau de M. C. Escher (1961) |
Mais le film,
débordant les récits, floute aussi la signification des histoires, mélangeant rêves
et réalité, imaginaires, fiction dans le film et réalité du film. Tout cela est
assez bien vu et amusant (on savoure le moment où Jason Tantra, qui projette de réaliser
un film, va au cinéma pour découvrir son propre film). D’autant plus que Dupieux
cherche aussi à accompagner son scénario étrange d’images elles aussi étranges
(avec des champs-contre-champs délirants, des rêves qui n’en sont pas, des comportements
bizarres, des surimpressions de décors, etc.).
Réalité a ainsi, par moments, une connotation très
bunuellienne (celle du Charme discret de la bourgeoisie ou du Fantôme de la
liberté). Mais on regrette que, sorti de ces histoires et de ces images entremêlées,
il n’ait en revanche pas grand sens. Là où Buñuel y trouve prétexte à mille
choses à dire sur la société, on se demande, hormis ce tour de passe-passe
scénaristique, ce que cherche à dire Dupieux. Le film, alors, tourne un peu à
vide : tout cela n’est qu’un exercice de style, plutôt réussi et drôle, mais très
gratuit et, finalement, assez vain.
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