Premier film mettant
en scène Spencer Tracy et Katharine Hepburn (et c’est là l’essentiel de son importance
cinéphilique), La Femme de l’année
donne le ton qu’auront beaucoup de ses suites, qui verront ainsi toujours l’ami
Tracy avec sa bonhommie tranquille secoué par le punch cassant de la femme
indépendante surjouée de Hepburn.
Mais La Femme de
l’année, comédie de mœurs et de remariage, manque de rythme (on n’est pas dans
la screwball comedy et c’est un peu
dommage) et le trait de la caricature est vraiment trop épais. Tess, la femme
indépendante par essence, est une journaliste qui cumule les entrées dans toutes
les ambassades, parcourt le monde, parle plusieurs langues, est d’une culture
savante et aristocratique alors que, dans le même temps, elle ne sait pas
casser des œufs pour faire une omelette (en particulier dans la très laborieuse
séquence finale). Sam, de son côté, journaliste sportif qui ne demande qu’à
boire un verre au bar du coin avec ses amis en discutant du match de baseball de la
veille, devient donc, après le mariage, homme-objet, un peu encombrant parfois
(lors des réceptions dans la haute société), en une inversion amusante du rapport homme-femme.
Mais si le film
vient donc jouer avec autorité sur l’émancipation de la femme, la fin vient
contredire tout le reste du scénario. En effet le twist final nous montre Tess qui assure
être prête à renoncer à toute son indépendance, à mettre au second plan tous
ses engagements professionnels et à apprendre à cuisiner, promettant ainsi de respecter
son engagement marital pour se consacrer d’abord à son mari et au foyer familial.
On conviendra que la ficelle est un peu grosse et date terriblement le film
qui, dans ses deux premiers tiers – malgré des lourdeurs et un manque de rythme
–, n’avait jusqu’alors pas trop vieilli. Mais, avec cette fin surprenante (et
qui vient en conclusion d’une scène comique ratée), le film
devient non seulement conservateur mais tout à fait rétrograde.
George Stevens est bien peu convaincant dans la comédie et l'on
préférera nettement – pour rester dans ce genre avec les mêmes acteurs et des rapports de
force similaires entre personnages – Madame
porte la culotte de Cukor, qui est sans doute le meilleur film associant
les deux stars.
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