jeudi 14 janvier 2021

La Femme de l'année (Woman of the Year de G. Stevens, 1942)

 

Premier film mettant en scène Spencer Tracy et Katharine Hepburn (et c’est là l’essentiel de son importance cinéphilique), La Femme de l’année donne le ton qu’auront beaucoup de ses suites, qui verront ainsi toujours l’ami Tracy avec sa bonhommie tranquille secoué par le punch cassant de la femme indépendante surjouée de Hepburn.
Mais La Femme de l’année, comédie de mœurs et de remariage, manque de rythme (on n’est pas dans la screwball comedy et c’est un peu dommage) et le trait de la caricature est vraiment trop épais. Tess, la femme indépendante par essence, est une journaliste qui cumule les entrées dans toutes les ambassades, parcourt le monde, parle plusieurs langues, est d’une culture savante et aristocratique alors que, dans le même temps, elle ne sait pas casser des œufs pour faire une omelette (en particulier dans la très laborieuse séquence finale). Sam, de son côté, journaliste sportif qui ne demande qu’à boire un verre au bar du coin avec ses amis en discutant du match de baseball de la veille, devient donc, après le mariage, homme-objet, un peu encombrant parfois (lors des réceptions dans la haute société), en une inversion amusante du rapport homme-femme.
Mais si le film vient donc jouer avec autorité sur l’émancipation de la femme, la fin vient contredire tout le reste du scénario. En effet le twist final nous montre Tess qui assure être prête à renoncer à toute son indépendance, à mettre au second plan tous ses engagements professionnels et à apprendre à cuisiner, promettant ainsi de respecter son engagement marital pour se consacrer d’abord à son mari et au foyer familial. On conviendra que la ficelle est un peu grosse et date terriblement le film qui, dans ses deux premiers tiers – malgré des lourdeurs et un manque de rythme –, n’avait jusqu’alors pas trop vieilli. Mais, avec cette fin surprenante (et qui vient en conclusion d’une scène comique ratée), le film devient non seulement conservateur mais tout à fait rétrograde.
George Stevens est bien peu convaincant dans la comédie et l'on préférera nettement – pour rester dans ce genre avec les mêmes acteurs et des rapports de force similaires entre personnages – Madame porte la culotte de Cukor, qui est sans doute le meilleur film associant les deux stars.


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