Les trois longs sketchs qui constituent Les Complexés laminent tour à tour la société italienne et vont crescendo : le premier – Une journée décisive de Dino Risi avec
Nino Manfredi –, très bien construit mais manquant un peu de rythme, s’appuie sur
le personnage de l’homme falot, à rebours de la caricature habituelle de l’homme italien ; le deuxième – Le Complexe de l’esclave
nubienne de Franco Rossi avec Ugo Tognazzi – cogne sur la bonne morale avec
délice, quand le troisième – Guillaume « Dents
longues » de Luigi Filippo D’Amico avec Alberto Sordi –, est tout à fait génial.
Dans les trois cas la chute est parfaite et cinglante.
Dans ce dernier
sketch, quand bien même on comprend très bien où le scénario va nous amener, la
vis comique fonctionne à plein et l’on retrouve ce regard acerbe, cruel et
drôle sur la société (regard qui animait si parfaitement Les Monstres). Derrière ce « dentu », le film dresse une
galerie de portraits de personnages veules, insipides, truqueurs ou lâches. Le
propos est à double fond puisque le sketch tire à boulets rouges à la fois sur
l’hypocrisie du culte de l’apparence (avec le jury de la chaîne de télévision qui
ne sait comment se débarrasser de cet encombrant candidat) mais aussi sur l’Italien
vantard et sûr de lui (le « Dentone » lui-même). C’est que le Dentone
n’est pas seulement un pauvre bougre malmené par son physique grotesque – c’est
là le génie du scénario –, il est aussi suffisant et sûr de lui. Mais, sans cette suffisance
insupportable (qui répond à des capacités intellectuelles hors-normes à l’origine
de gags savoureux), il se ferait écraser par la société et son culte de l’image.
Comme il se doit et comme dans toute grande comédie italienne, tout le monde,
on l’a compris, en prend pour son grade.
samedi 16 janvier 2021
Les Complexés (I complessi de D. Risi, F. Rossi et L. F. D'Amico, 1965)
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