mercredi 24 février 2021

Le Garde du corps (Yōjinbō de A. Kurosawa, 1961)



Si Yōjinbō est important aujourd’hui, c’est moins en raison de ses qualités propres (il s’agit d’un honnête film de chanbara, mais Kurosawa a fait tellement mieux et on est loin des sommets du genre) que par la descendance qu’il aura. C’est que le film sera la point de départ de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, qui aura la renommée et l’impact cinématographique que l’on sait.
Au-delà du scénario lui-même que reprendra trait pour trait, du moins dans les premières séquences, le film de Leone (deux clans s’affrontent dans un village lorsqu'arrive un samouraï opportuniste), c’est le ton très moderne qui surprend aujourd’hui. Loin de tout héroïsme, le film montre un incroyable cynisme du personnage qui se vend – littéralement – au plus offrant. Il n’y a pas de bons, pas de héros, tout n’est que corruption et cynisme. Sergio Leone – et, avec lui, tout le western italien – puis tout le cinéma du Nouvel Hollywood reprendront cette idée que le monde n’est pas noir ou blanc mais terriblement gris, sans ligne de discernement facile à voir. Il y a d’ailleurs une belle ironie à voir Sanjuro être confondu dans ses manipulations incessantes juste après avoir eu, pour une fois, une belle action (en libérant la mère retenue en otage).
Mais Sanjuro est trop fort pour ses adversaires et ce personnage, emmené par un Toshiro Mifune très à l’aise, reviendra dans Sanjuro, pour une suite qui n’en est pas une.


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