À partir d’une
trame assez simple et conventionnelle (Olga – fille de commerçants
– impose à sa famille sa relation avec Eric, sculpteur bohème), Paul Verhoeven
frappe fort avec un film débordant d’une effervescence pulsionnelle et
sexuelle, empli de fantasmes et de délires.
Dès ce deuxième
film, son cinéma naturaliste explose à l’écran : dans l’image elle-même apparaissent souvent, comme des troncs d’arbres morts qui remontent et viennent
flotter en surface, la mort qui rôde, le soubassement organique parfois en
putréfaction et dont on ne peut s’extraire. Le film est parsemé de tels
indices : ce sont les vers qui se tortillent sous le bouquet de fleurs,
les prémonitions de cancers, les vomissures, le sang, les couleurs du sculpteur, les pensées
morbides d’Olga. Avec ce monde imaginaire qui affleure par moment, Verhoeven se
situe dans la lignée prestigieuse (et assez rare finalement) d’un Stroheim ou
d’un Buñuel, grands cinéastes naturalistes.
Verhoeven
construit une narration complexe et incertaine (on ne sait, tout d’abord, si
les séquences du début de film sont des rêves ou des séquences vécues),
travaillant sur un flash-back, incluant des scènes oniriques, jouant
d’ellipses.
Eric (Rutger
Hauer, qui sera souvent utilisé par Verhoeven), dans un univers sexuel et
libertaire, à la pulsion vitale débordante, multiplie les aventures avec tout
ce que la bonne société hollandaise peut lui offrir. Mais, bientôt, Olga retient
Eric et le couple se forme, dans l’érotisme, le trash, l’outrancier. Verhoeven
dynamite la société hollandaise, dans laquelle il semble qu’il y ait bien peu à
sauver.
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