Grand film de
Julien Duvivier qui emmène son humeur sombre habituelle très loin à travers ce
drame en forme de thriller qui dresse un portrait très noir de l’âme humaine.
Gardant un zeste
de ce réalisme poétique qui enveloppait ses films d’avant-guerre les plus
célèbres (La Belle équipe, Pépé le Moko, etc.), il continue de peindre
avec réalisme (magnifique reconstitution de la vie trépidante aux Halles de Paris)
mais il distille à son film une tension propre au film noir.
Commençant comme
un drame romantique assez conventionnel – avec un Gabin bourru mais gentil et
une Danièle Delorme toute fragile –, le film, très vite sort de cette fausse
piste en semant le doute sur ce qui se trame réellement. La suite, alors, ne
sera que le déroulement d’un machiavélisme sordide. Si Gabin est parfait en
aubergiste perdu entre des tensions qui s’accumulent et si Duviver peint des portraits
de femmes terribles (avec Gabrielle ou la mère de Châtelain), on retiendra surtout
Danièle Delorme qui est remarquable dans un rôle difficile.
La fin, comme
souvent chez Duvivier, est terrible et sans concession, faisant des ravages
chez les survivants.
On est un peu
surpris que ce film – de la même veine que Les
Diaboliques par exemple – n’ait pas eu de véritable influence en France,
quand, en Italie ou même aux USA, de nombreux films apparaissent aujourd’hui comme
de lointains descendants (on pense au giallo
notamment), influencés par tant de noirceur et de cruauté.
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