L’ami Clint Eastwood,
entre deux films très masculins dans leurs thèmes et leurs traitements (Breezy s’intercale entre L’Homme des hautes plaines et La Sanction), propose cette Americana
simple et calme, où un quinquagénaire désabusé rencontre une jeune hippie
délurée qui l’émeut et le secoue.
Si le film, lors
de sa sortie, détonne au milieu de sa filmographie, il prend un autre sens
quand on sait combien Eastwood, finalement, multipliera des rôles à
contre-emploi, loin des héros machos ou violents qui ont fait sa gloire : il
mettra en scène bien souvent des personnages un peu nostalgiques, calmes,
tournés vers une intimité psychologique.
On retrouve
ainsi, dans Breezy, un premier jet de
la relation amoureuse version Eastwood, un embryon de la profondeur émue de Sur la route de Madison, un parfum de la
nostalgie d’Honky Tonk Man ou de Gran Torino, une évolution introspective
du personnage, tiraillé entre aigreur, liberté et nostalgie : autant d’indices
que le temps passe et fait des ravages.
Breezy, alors, constitue un premier pas de côté dans une filmographie à ses débuts et encore très monobloc, mais qui deviendra, progressivement, très riche et traversée de films extraordinaires en développant, précisément, cet à-côté qui affleure ici pour la première fois.
Eastwood, encore trop jeune, a la bonne idée de s’en remettre à William Holden, qui porte avec lui des rôles légendaires qui accentuent immédiatement son humeur nostalgique : le personnage, d’abord blasé (« à marée basse »), est ensuite ému, puis il n’y croit plus, puis y croit à nouveau, montrant combien la jeune Breezy, sous ses airs délurés, déclenche une introspection radicale chez ce célibataire endurci et entre deux âges.
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