La Route
des Indes nous plonge dans l'Inde des années
20 et, si David Lean sait filmer avec majesté les fleuves, les flancs de
montagne, les lumières ou les foules, il ne cherche pas à retrouver le
légendaire lyrisme de Lawrence d'Arabie.
Ici Lean, au contraire, et paradoxalement, presque, cherche à scruter au plus
près ce qui traverse le cerveau de ses personnages, aussi bien Adela, remplie
d'émotion par l'Inde, que Aziz Ahmed, le docteur qui admire, dans un premier
temps, l'Empire britannique, avant de s'en détourner, subissant un opprobre
injuste. Ahmed symbolise d’ailleurs parfaitement l’Inde : tenté par l’Empire
britannique qu’il admire, vêtu à l’occidental, volontiers ami (et obséquieux)
avec les Anglais, il rompt complètement après son procès, redevenant Indien de cœur
et d’allure. Ce regard sur le personnage, allié à l’émotion de la jeune
Anglaise découvrant l’Inde et ses charmes est tout à fait réussie. La Route des Indes annonce alors parfaitement,
avec un quart de siècle d’avance, la rupture profonde qui va s’opérer entre ces
deux pays qui, bien que proches et liés, irrémédiablement, vont se séparer.
On reste en revanche plus réservé sur le personnage campé
par Alec Guinness : le professeur Godbole évoque irrésistiblement l'ami
Peter Sellers, ce qui donne une touche comique involontaire au personnage. Ce
pont entre les deux acteurs, en revanche, est un écho aux débuts de Peter
Sellers, dont on sait qu'il fut, dans ses débuts, un second rôle auprès d'Alec Guinness lui-même, alors que celui-ci régnait sur la comédie à l'anglaise.
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