mercredi 9 juin 2021

Capitaine de Castille (Captain from Castile de H. King, 1947)



Avec ce que le faste d’Hollywood a de meilleur, Capitaine de Castille déploie toute la splendeur, la flamboyance et l’exotisme dont est capable un grand studio. Capitaine de Castille est un de ces grands films épiques, dus aux moyens surpuissants du studio et c’est une grande réussite de la Fox, un peu comme Les Chevaliers de la table ronde ou Ben Hur le sont pour la MGM.
De l’Espagne au Mexique, des cavalcades de nuit aux miroitements des armures sous un soleil éclatant, on subit l’inquisition, on traverse les océans, on côtoie Cortés (remarquable interprétation de César Romero). Et c’est au milieu de trahisons, de coups du sort, de gestes de bravoure et de sacrifices que Pedro De Vargas construit son destin.
Passant de moment de désespoir très violent (la mort de la jeune sœur sous la torture) à l’aventure pure et dure (la conquête du Nouveau monde, Cortés qui brûle ses vaisseaux), le film est découpé en deux grandes parties : la partie espagnole est souvent très sombre, à la fois dans le récit et formellement, quand le Mexique apparaît éclatant.
De façon tout à fait originale, la trajectoire de Pedro De Vargas n’est pas circulaire comme on pouvait l’attendre (il n’obtiendra pas réparation dans son pays et ne se vengera pas) mais, de façon habile (et qui revêt une forme de réalité historique pour certains proscrits), sa fuite devient une conquête.
Tyrone Power incarne parfaitement le noble déchu mais qui va de l’avant et ne se départi jamais de sa droiture et de son honneur. Le je-ne-sais-quoi d’aristocratique de son port insuffle ce qu’il faut d’orgueil (et même d’orgueil blessé par moment) à ce fils de famille qui devient capitaine sur l’autre continent.

Et l’on voit une nouvelle fois, que, dans les films historiques, c’est lorsque la petite histoire rejoint la grande que la sauce prend (ici celle de Pedro De Varga qui suit la conquête de Cortés), beaucoup plus que l’inverse (lorsque la grande Histoire cherche à être illustrée à travers de petites histoires). On s’attache au héros, à son destin et, comme un ruisseau qui rejoint un fleuve et dont les courants se mélangent, les destins progressent ensemble. On adore voir Pedro De Vargas en bras droit de Cortés : Hollywood joue avec l’Histoire et cela lui réussit bien.

 

 

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