Très intéressant film de Nicholas Ray, au thème très
novateur. Dans la lignée du Walden de
Thoreau, Ray filme une confrontation entre une civilisation destructrice et une
Nature sauvage mais qu’il faut préserver. Le film, si l’on veut, expose une
conscience écologique, un peu comme le fera Elia Kazan dans Le Fleuve sauvage quelques années plus
tard.
Avec l’affrontement entre Murdock le garde-chasse et
Cottonmouth le braconnier, ce sont deux conceptions de la liberté qui s’affrontent,
deux faces d’une même pièce pourrait-on dire. Murdock veut préserver la liberté
de la Nature, qui doit rester épargnée de la civilisation mais aussi des
hommes ; Cottonmouth revendique une liberté, liberté prédatrice mais
émancipée de la civilisation. Ce personnage annonce le Kurtz de Coppola, qui
reprend lui-même le personnage de Conrad dans Au cœur des ténèbres :
perdu dans les marais, Cottonmouth édicte ses propres règles et règne sur son
univers. Dans tous les cas c’est la civilisation – et non directement
Cottommouth nous dit Ray – qui est coupable, en créant un marché pour les
plumes d’oiseaux.
Réalisé par un Nicholas Ray chaotique et alcoolique, La Forêt interdite, avec son rythme changeant, son regard sur les marais, sa contemplation calme des bandes d’oiseaux qui s’envolent ou des canots qui se perdent dans les méandres, annonce le style élégiaque de Malick et démarre une lignée qui va jusqu’aux Bêtes du Sud sauvage ou Mud (qui cite clairement le film de Ray, notamment avec le thème autour des morsures de serpent).
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