Beaucoup de charme dans cette chronique d’un bistrot parisien de la fin des années quarante : Jean Gehret saisit avec réussite les moments de la vie de tous
les jours de ce creuset social. Les habitués, le patron bonhomme (Bernard Blier admirable, comme toujours), la patronne
mal à l’aise à qui l'on veut faire la bise, le petit appartement juste au-dessus du café, la tournée
générale, l’arrière salle où l’on mange le midi et où l’on se retrouve en
catimini, les petites magouilles, les verres refusés par le patron, les fines
servies au comptoir. Et le film offre une savoureuse galerie de portraits à
travers les habitués : le gros buveur, la fille qui attend désespérément son
amoureux, l’ouvrier du matin, le séducteur, etc. Tout cela a un goût d’authentique
capté sur le vif, tant et si bien qu’il ne se raconte rien d’autre, véritablement,
pendant la plus grande partie du film, que ce regard sur la vie du bistrot.
Le film joue beaucoup avec le café de Paris (situé, dans l’intrigue,
de l’autre côté du boulevard) mais il est aussi un miroir au Café de Paris de Mirande, qui brosse un
portrait du monde d’en haut quand Le Café
du cadran se concentre sur les couches populaires.
On regrette la tragédie des dernières minutes en soi inutile, si ce n’est
qu’elle permet de montrer comment le petit couple provincial s’est fait happer
par la vie parisienne et comment le bistrot avale et digère les patrons mais
reste en place, avec les habitués, toujours là.
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