vendredi 15 octobre 2021

Le Jour du vin et des roses (Days of Wine and Roses de B. Edwards, 1962)





Blake Edwards, plus habitué aux comédies, parvient, dans ce film très dur, à jouer de variations de tons, passant de moments légers à des climax violents et très sombres. Avec beaucoup d’habileté, il empêche ainsi le film de tomber dans une noirceur outrée qui réduirait le propos.
Il est bien aidé par un scénario habile puisque, après un premier quart d’heure un peu convenu, il associe la relation à l’alcoolisme avec la relation au sein d’un couple : l’alcool unit d’abord Joe et Kirsten avant de les séparer et de les détruire. Et, si Joe parvient à se sortir de l’emprise de l’alcool, il préfère renoncer à sa femme que de risquer de replonger une nouvelle fois. On ressent alors parfaitement le Mal que constitue l’alcool, qui détruit l’individu jusqu’à ce qu’il a de plus cher : pour Joe, renoncer à l’alcool signifie renoncer à sa femme qui est aussi la mère de sa fille.

Blake Edwards est aussi aidé par un duo d’acteurs remarquables. On notera avec quelle facilité Jack Lemon, légendaire vis comique de Certains l’aiment chaud, met toute son expressivité au service d’un rôle dramatique (voir la séquence incroyable dans la chambre capitonnée : on a rarement vu une caméra chercher à capter la douleur délirante d’aussi près). Et Lee Remick parvient aussi à montrer comment Kirsten, jeune et jolie, sombre peu à peu jusqu’à la solitude dépravée. Le film fait ainsi l’économie d’un happy-end franc (Joe s’en sort, mais à quel prix ! ; Kirsten est laissée face à elle-même) qui aurait été une façon de conclure un peu facile et qui aurait atténué le propos (erreur, par exemple, du Lost Weekend de Wilder, sur le même thème).

 

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