lundi 18 octobre 2021

Moonrise Kingdom (W. Anderson, 2012)

 



Faisant suite à Fantastic Mr. Fox, on retrouve dans Moonrise Kingdom – et avec quel plaisir ! – tout le style de Wes Anderson, style affirmé depuis longtemps et qui est fait de jeux géométriques francs, d’axes de symétrie qui découpent le cadre, de mouvements de caméra angulaires, de champs-contrechamps accentués, d’une grande profondeur de champ qu’il s’amuse à remplir sans cesse, de cuts tout en rupture et d’une bande son à la fois désuète et drôle. A cela s’ajoute bien sûr ce second degré permanent, qui permet de mettre en scène des personnages décalés, certains déprimés et las de vivre, quand d’autres sont emplis d’énergie, virevoltants et aspirent à surgir et à traverser le cadre en courant (on trouve très tôt chez Wes Anderson ces personnages aux aspirations diverses, par exemple dans Rushmore).
Anderson mélange ce petit monde dans un univers délicieusement décalé, jouant d’aplats de couleurs sépia, d'images incongrues, de décors cartoonesques et d’accessoires désuets (il faut voir les deux jeunes héros fugueurs danser sur un vinyle de Françoise Hardy au bord de la plage !). Tout cela crée une atmosphère immédiatement reconnaissable et délicieuse, déjà parfaitement en place depuis La Famille Tenenbaum. Et – jeux de contradiction qu’adore Anderson – il donne à ses jeunes héros des aspirations et des préoccupations d’adultes, créant un décalage très drôle. De cette mixture improbable mais complètement contrôlée et génialement équilibrée surgit l’étrange tonalité wesandersonienne à la fois mélancolique et drôle (on a pu parler à son propos de mélancomique).


Et, comme toujours, Wes Anderson s’amuse avec un casting improbable et prestigieux, jouant de contre-emplois permanents (de Bruce Willis en flic pépère à Edward Norton en chef scout dépassé). Et, bien sûr, comme une signature, Bill Murray est toujours là, en quinqua bedonnant et déprimé. Il faut le voir l’œil vide et le torse nu, une bière dans une main et une hache dans l’autre, s’en aller couper du bois le soir venu.

 

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