lundi 11 octobre 2021

Waterloo (S. Bondartchouk, 1970)

 



Spectaculaire film sur Napoléon qui se résume assez vite, comme le titre l’indique, à la bataille de Waterloo. Le film, alors, se veut spectaculaire, à grand renfort de figurants et de vues d’hélicoptères.
Mais, comme toujours pour un film mettant en scène Napoléon, l'on s’intéresse aux interprètes. Et si l’on a pu juger excessive l’interprétation de Rod Steiger (qui en fait souvent trop), il campe pourtant ici un Napoléon très convaincant. Avec des gros plans qui ne cessent de scruter sa foi en lui-même ou, tout au contraire, son incrédulité ou ses doutes, Sergueï Bondartchouk cherche à comprendre la monstruosité du personnage, mélange de génie et d'inhumanité. Il lui oppose un Wellington plus anglais que jamais, mélange de classe, de flegme et de retenue, campé par un superbe Christopher Plummer.


Le film, au-delà de charges de cavalerie efficaces et de jolis mouvements de troupes, nous gratifie d’un moment historique exceptionnel : lorsque Wellington, tout à coup, à la lunette, voit Napoléon passer devant ses troupes. Cette vision, vue en caméra subjective à travers l’oculaire de la longue-vue de Wellington, est l’une des images les plus réussies captées par le cinéma concernant l’Empereur : proche et lointain, image mouvante et fugace, passant devant ses troupes, silhouette à la fois familière et inaccessible. Wellington sait le moment historique. Et lorsqu’on lui signale que Napoléon est à porté de canons, il donne l’ordre, évidemment, de ne pas tirer. Napoléon est un monstre, mais on ne le canonne pas. C’est que le monstre est génial. Et puis, avec Wellington, la guerre a encore belle allure (on est encore au « Messieurs les Anglais tirez les premiers »). Et Wellington, quelques instants plus tard, imitera Napoléon et passera devant ses troupes. Cette séquence montre très bien le mélange complexe d’admiration et de haine qui habite les Anglais à propos de Napoléon.


La fin est très sombre et sans concession, avec Wellington qui parcourt le champ couvert de morts, ne cachant rien des ravages des guerres napoléoniennes, et Waterloo se termine sur un Napoléon plein de boue, recroquevillé, malade, pleurant, perdu.




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