lundi 10 janvier 2022

Pirosmani (G. Chenguelaia, 1971)

 



Magnifique film de Gueorgui Chenguelaia, très stylisé et esthétique, d’où se dégagent une image, une couleur, un ton et un rythme particuliers.
Pirosmani suit la trajectoire singulière, en marge du monde, du peintre Pirosmanichvili, dont la sensibilité l’empêche de s’intégrer. Le film, très habilement, se fait le miroir de cette sensibilité et des œuvres du peintre : bien plus qu’il ne les met en scène, il montre le village, la campagne ou les voisins tels que les ressent Pirosmanichvili, à la fois proches et lointains, amicaux et différents, attentionnés et brusques. Cette étrangeté s’exprime dans les peintures qui sont à la fois naïves et traditionnelles, attachées à des détails triviaux ou exotiques.
Chenguelaia montre aussi le destin de la figure de l’artiste, détaché des soucis matériels et qui, de fait, plonge dans la misère sans guère s’en soucier, attaché à la liberté comme le Loup de la fable, refusant de l’aide, submergé par sa manière de ressentir le monde.


Le film, alors, exprime parfaitement ce mélange fécond du fond et de la forme, quand – selon la formule maîtresse de Bazin – la façon de mettre en scène le récit joue sur la nature même de ce qui est raconté. Ici tout est poétique et esthétique, tout est vu à travers les yeux d’un artiste, qu’il s’agisse de Chenguelaia ou de Pirosmanichvili lui-même.


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