Dans cette adaptation de Roald
Dahl, Wes Anderson s’en donne à cœur joie : optant avec brio pour le film
d’animation, il parvient à libérer son style et à retrouver – et avec quelle
facilité ! – le ton de ses personnages habituels, mélange de drôlerie, de
dépression et de quête de soi.
Ici l’idée est d’une très grande
richesse car il joue sur la dualité de ses personnages, tantôt infiniment
animaux, tantôt infiniment humains. Mister Fox cherche à se comporter comme un
humain (être un bon père de famille responsable) et, en même temps, ne demande qu’à
suivre son instinct sauvage : voler des poules ! Il doit donc
composer avec son naturel d’animal sauvage qui n’est jamais bien loin et qui
revient sans cesse (il faut le voir dévorer son petit déjeuner !). Cette
dualité est source à la fois de drôlerie dans de nombreuses situations et de
cette déprime qui est consubstantiel à tant de personnages de Wes Anderson. Le
film, alors, suit ce personnage plein de contradiction qu’est Mr. Fox, dont les
états d’âme et les décisions sont le moteur de la narration. Sans lui, sans sa
déprime, rien ne se serait passé. Il faut néanmoins ajouter les deux fils Ash
et Kristoffersson, dont la relation de rivalité puis de complicité développe la
difficile relation père-fils du père. Le film est alors dominé par ce ton
étrange et décalé – ton qui domine tant de films d’Anderson –, à la fois triste
et drôle (on parle à son propos de « mélancomique »).
Pour réaliser son film, Anderson
s’est tourné vers l’animation de marionnettes : il a donc fallu fabriquer quelques
cinq cents marionnettes en acier ou en aluminium, à différentes échelles
(chaque personnage est réalisé à 3 tailles différentes, choisies selon les
circonstances) et animées en stop-motion devant cent cinquante décors.
Le tour de force est que Wes
Anderson, bien loin d’être déstabilisé par cette technique d’animation, y
déploie tout son style si caractéristique. On admire alors les cadrages
particuliers (gros plans, plans très larges, plongées surprenantes, etc.), le
foisonnement de détails drôles, les constructions géométriques des plans qui
utilisent parfaitement les décors, les travellings latéraux – spécialité du
réalisateur – qui lui permettent de développer une action, d’ironiser, de
surprendre. Les couleurs sont incroyables et les jeux de lumière tantôt
illuminent le plan, tantôt deviennent menaçants (lors des cambriolages).
Wes
Anderson, très satisfait du résultat de son Fantastic
Mr. Fox, s’est d’ailleurs à nouveau tourné vers l’animation de marionnettes
pour L’Île aux chiens en 2018.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire