Après deux films radicaux (et
désargentés) proches du cinéma underground, Cronenberg réalise avec Frissons son premier film ambitieux. Si
plusieurs de ces thèmes étaient déjà présents dans Stereo et Crimes of the
Future, leur minimalisme ne permettait pas encore de savoir de quoi serait
faite l’image de Cronenberg : ici on voit pour la première fois une des
marques de fabrique du réalisateur qui est de montrer les choses. Les greffes,
les protubérances, les organes, la déformation des chairs, la contamination,
l’horreur : tout cela est déjà présent au cœur du cadre. Et le film a déjà
cette pulsion et ce monstrueux qui l’habite. Plusieurs scènes d’horreur
viennent émailler le film, avec ces espèces d’aplysies parasites qui sortent ou
entrent dans les corps. On voit très bien comment Alien viendra chercher des motifs et les perfectionnera (le monstre
dans le ventre qui ne demande qu’à sortir, le monstre qui saute à la gorge). On
voit aussi ce que Cronenberg, dans Frissons,
doit à Romero (cette filiation se perdra rapidement, dès après Rage, son film suivant), avec les infectés
qui deviennent des hordes zombiesques avides de sang et de sexe.
Cronenberg tire à boulets rouges sur la modernité (angle d’attaque qui ne sera plus aussi nettement le sien par la suite), à travers cet immeuble récent et propre sur lui, promesse d’une vie moderne et tout confort, mais, en réalité, tout à fait inhumaine. Dès lors, plutôt qu’une vie froide, géométrique et aseptisée, ce sont les pulsions agressives et sexuelles qui ressortent et explosent.
Cronenberg tire à boulets rouges sur la modernité (angle d’attaque qui ne sera plus aussi nettement le sien par la suite), à travers cet immeuble récent et propre sur lui, promesse d’une vie moderne et tout confort, mais, en réalité, tout à fait inhumaine. Dès lors, plutôt qu’une vie froide, géométrique et aseptisée, ce sont les pulsions agressives et sexuelles qui ressortent et explosent.
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