jeudi 24 février 2022

La Tête d'un homme (J. Duvivier, 1933)

 



Ce film mettant en scène le célèbre commissaire vaut d’abord pour la présence d’Harry Baur en Maigret mais aussi pour quelques minutes exceptionnelles, cachées au cœur du film, qui surgissent tout à coup, l’air de rien. L’enquête est lancée et le commissaire rend visite à Radek (excellent Valéry Inkijinoff) qu’il pressent être le meurtrier. Ils s’attablent, ne disent rien, écoutent une voisine qui chante. Et la scène dure, en même temps que la narration s’arrête, et l’on est tous les trois à écouter, émus, dans nos pensées. Cet aparté étonnant et très rare est merveilleux. Puis les personnages sortent de leurs pensées, parlent à nouveau et l’histoire redémarre.


Comme chez Simenon, le film offre une belle peinture de la société, avec le bar empli de paumés, de mauvais perdants, de petits bourgeois déchus qui lorgnent sur l’héritage de la vieille tante. Ce portrait social est sans doute la grande réussite du film, là où échoueront quelque peu de nombreuses adaptations de Maigret.

Mais le film déçoit un peu en termes d’enquête : même si l’histoire est intelligente, on sait tout d’emblée de la machination et il y a bien peu de fils à dénouer de la part du commissaire.
Harry Baur est très bien en Maigret (mais on sait quel immense acteur il est) : la stature imposante, taiseux, il a ce qu’il faut de bonhommie et d’humanité.

 


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