Le premier film de David
Cronenberg tient bien plus du cinéma underground et de l’exercice d’Art et
essai : disons que lorsqu’il le réalise, il n’y a pas encore, chez Cronenberg,
l’idée d’être cinéaste, de réaliser film après film et d’explorer, comme il l’a
fait ensuite, tel ou tel motif.
Mais si Stereo est bien loin des grandes réalisations postérieures de
Cronenberg, il contient, en même temps – et c’est en cela qu’il est surprenant
–, les prémices de ses motifs et de ses thèmes favoris. Présenté en forme de documentaire
sur une expérience scientifique, le film est sans dialogue mais avec une voix
off qui offre une description scientifique qui commente l’image. Cette
expérience scientifique interpelle parce qu’on retrouvera (dans Scanners ou dans Chromosome 3) la même idée, avec une relation de cobayes
progressivement abandonnés à leur maître.
Mais on est surpris : Stereo montre peu – la faute, bien sûr,
aux maigres moyens et au peu d’ambition du réalisateur –, alors que le cinéma de
Cronenberg est, au contraire, basé sur la monstration et sur le surgissement au
cœur du plan. Cette expression visuelle des traumatismes, des pensées, des
cauchemars est d’ailleurs l’une des forces de Cronenberg. C’est en particulier
le cas pour Scanners et Chromosome 3, qui emmèneront plus loin
l’expérience en matérialisant – et donc en faisant surgir dans le plan – ce qui
hante le cerveau.
lundi 14 mars 2022
Stereo (D. Cronenberg, 1969)
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