samedi 11 février 2023

Vaincre ou mourir (P. Mignot et V. Mottez, 2023)





On sait que le prisme de bien des critiques est d’abord et avant tout politique de sorte qu’une œuvre non politiquement correcte, quelle que soit sa qualité, ne saurait être regardée et considérée : elle sera bannie. Les critiques de Vaincre ou mourir sont à ce titre éloquentes : elles concernent la signification de l’ensemble, l’accuse de réécrire l’histoire, s’en prennent à la production, etc. Il n’est jamais question, dans ces critiques, de cinéma. À ce titre, les films d’Eisenstein – œuvres de propagande s’il en est et pour ne citer que cet exemple – peuvent être rangés aux oubliettes.
Mais ces critiques révèlent la position du cinéma – du cinéma français en particulier – qui n’est, beaucoup trop souvent, que prise de position ou rapport de force. Comme si le cinéma pour le cinéma – l’art pour l’art en quelque sorte –, détaché des combats, des batailles d’idées, des causes à défendre n’était plus. D’ailleurs on sait bien que les aides au financement sont assorties d’un cahier des charges qui oriente vers une bien-pensance, ce dont se sont plaints bien des producteurs ou réalisateurs.

Enfin on sait combien le cinéma français a du mal à traiter certains épisodes de son histoire ancienne (ici les guerres de Vendée) ou récente (la guerre d’Algérie par exemple).

Dès lors on comprend mieux que les critiques, voyant un film qui ne suit pas leur orientation idéologique, tirent dessus à boulet rouge, même si elles caricaturent par là même leurs positions.


Dans Vaincre ou mourir, le discours, s’il est partial, n’est pas si caricatural, pas davantage en tous les cas, que bien des films historiques – des multiples Robin des bois à The Patriot en passant par Braveheart –. D’ailleurs le général Charette, s’il est héroïque, apparaît inutilement jusqu’au-boutiste (ce que ses compagnons lui reprochent).

On regrette l’ouverture du film en forme d’interview (issue de l’ambition initiale d’une forme documentaire) ainsi que les inserts grandiloquents qui forment des images mentales où Charette s’interroge. Ces séquences alourdissent le film, comme si le personnage seul ne suffisait pas ou comme si les réalisateurs ne faisaient pas confiance à leur acteur pour montrer les doutes de Charette.

Et le film aurait mérité davantage d’ampleur, mais l’on sent combien sa production limitée le contraint. Cela dit Hugo Becker campe
un général Charette convaincant et plusieurs séquences sont réussies (les rencontres avec le député Ruelle notamment).




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