Biopic
faiblard de Cédric Jimenez, qui, très vite, se bonifiera dans ses réalisations ultérieures.
Mais, ici, il tombe dans le travers de nombreux films retraçant la vie d’un
personnage : l’ensemble ressemble à une fiche biographique dont on a
surligné quelques moments forts ou célèbres et que le film met en image.
On
voit ainsi Heydrich réagissant à telle ou telle frustration, tantôt amant
aimant, tantôt mari violent, tantôt encore père jouant avec ses enfants. Jimenez,
bien entendu, nous le montre aussi donnant ses directives à la conférence de Wannssee
ou chapeautant inflexiblement des Einsatzgruppen.
Si
le film suit aussi la trajectoire des deux résistants qui iront jusqu’à son
assassinat, cet aspect du film est moins passionnant, il faut bien dire, que de
suivre un monstre dont on s’attendrait à ce que le film nous dise quelque
chose. Mais HHhH, in fine, n’explore
pas grand-chose de ce que fut Heydrich, c’est-à-dire – hélas – bien plus qu’un
monstre froid : il fut un concepteur efficace et zélé, maillon essentiel qui a
permis à l’Allemagne d’Hitler de franchir plusieurs étapes conduisant à la
solution finale en 1941-1942.
Mais
on ne rentre pas un instant dans la tête du personnage. Heydrich, terrifiant
monstre dans une époque qui n’en a pas manqué, aurait pu être scruté de
beaucoup plus près. Ou alors on aurait pu voir la caméra buter à la barrière de
son crâne, incapable de sonder ce qu’il y avait derrière et qui produisait
autant d’inhumanité. On aurait eu là un geste cinématographique fort. Mais ce HHhH décevant nous dit simplement qu’Heydrich
était monstrueux. Certes. Est-ce là tout le propos ? Y avait-il besoin d’un
film pour le dire ?
Il
faut reconnaître aussi que le film est desservi par Jason Clarke dont
l’interprétation est tout à fait creuse et sans âme. On a du mal à comprendre
le choix de l’acteur, à la morphologie peu ressemblante (ce qui pose problème puisque justement le film ne va guère plus loin que l'apparence) et tout à fait incapable
d’épaissir son personnage. L’acteur Stephen Graham qui campe Himmler – que
l’on voit finalement assez peu (1) –, est beaucoup plus convaincant. Et l’on se souvient, à titre de
comparaison, de l’interprétation hallucinée de Bruno Ganz (qui est bien sûr un acteur
d'un tout autre calibre) en Hitler dans La Chute de Hirschbiegel.
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(1) : Le titre HHhH signifie « Himmlers Hirn heiβt Heydrich » que l'on peut traduire par « le cerveau de Himmler s'appelle Heydrich ».
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