Intéressant
western en ce qu’il met en scène de façon assez outrancière mais voulue le
personnage du gunfighter qui dégaine
plus vite que son ombre. On nous le dit dès le prologue : pour ce qui est
de dégainer, Ringo est le plus rapide. Dès lors, le film montre combien ce
stéréotype coince le personnage : il n’est plus possible, pour Ringo,
d’échapper à son image. Il est sans cesse provoqué en duel, tout le monde le
reconnaît, le craint ou le maudit. Il est condamné à filer de ville en ville,
sans pouvoir s’arrêter. Pourtant Ringo a vieilli, il ne veut plus de ces duels
et de cette sinistre célébrité.
On
peut voir dans William Munny, le héros terrible de l’Impitoyable d’Eastwood, un Ringo qui aurait réussi sa transition
(avant de rebasculer). On remarque que, comme souvent dans les westerns, la
place de la femme est centrale : seule une femme peut rendre possible
cette transition de desperado en homme honorable. C’est ce qu’avait trouvé
William Munny, c’est ce qu’espère Ringo, pour tourner la page et se fixer.
Mais
le film a le bon goût d’assumer les codes du western : le stéréotype aura la
peau de Ringo. Il ne peut que mourir en desperado (dans le dos qui plus est)
sans devenir un homme honorable, entouré de la femme qu’il aime, à élever son
fils dans un petit ranch. En 1950 le western ne permet pas encore à ses personnages
d’évoluer trop franchement : un homme de l’horizon ne peut devenir un
homme de la terre. Il faudra attendre quelques années encore, que les
frontières deviennent floues entre tous ces personnages. Mais Henry King
exploite parfaitement son personnage, lui donnant une épaisseur psychologique
que le stéréotype avait jusqu’alors laissée de côté. Et Gregory Peck saisit tout
à fait qui est ce Ringo complexe, antihéros qui veut passer à autre chose mais qui
n’y parvient pas.
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