mardi 5 septembre 2017

La dernière star de cinéma




A l’heure où l’on est envahi par le qualificatif de « star », que l’on applique à tout va, il nous semble pourtant qu’il n’y en ait plus qu’une seule qui soit encore de ce monde : Kirk Douglas (1).


Qu’il y ait quantité d’acteurs renommés, dont la notoriété envahit le monde, c’est évident. Qu’il y en ait d’excellents parmi ceux-là, sans aucun doute. Mais ils n’ont rien à voir avec les stars de cinéma, dans le sens premier du mot, avant qu’il soit utilisé à qui mieux-mieux et à toutes les sauces.
Et, pour aller plus loin, on peut poser l’hypothèse qu’il n’existe plus de nouvelles stars, depuis cinquante ans maintenant. Depuis la mort de Marylin Monroe (ou peut-être la retraite de Brigitte Bardot), c’en est fini de ces étoiles qui brillaient au firmament.


On peut bien entendu discuter cette proposition. C’est ainsi que quelques grandes stars pourraient prétendre à entrer dans cette catégorie aujourd’hui disparue des Dieux de l’Olympe. On pense, en France, à Alain Delon. Il est vrai que son prestige est immense sauf, paradoxalement, aux Etats-Unis. Mais les stars sont presque exclusivement hollywoodiennes (Brigitte Bardot, à la renommée internationale, étant peut-être la seule réelle exception).
Clint Eastwood est sans doute aussi un acteur mythique, notamment au travers du personnage qu’il a incarné et qui l’a révélé (l’homme sans nom ou Blondin dans les westerns de Sergio Leone) et qui a impacté incroyablement et durablement l’imaginaire collectif. Ce d’autant plus que Clint Eastwood, en tant que réalisateur, a pu remettre en scène ce personnage, sous d’autres aspects (de Pale Rider à Impitoyable), contribuant ainsi à entretenir cette légende. Son personnage de Dirty Harry appartient lui aussi à la légende, même si Eastwood fut longtemps honni des critiques (et non des spectateurs) pour ce rôle.
Ces deux exemples sont d’autant plus intéressants que leur renommée ne doit rien aux majors américaines alors que les stars sont bien souvent de purs produits des studios.

Les stars, dans ce sens ancien, sont des Dieux de l’Olympe, des mythes vivants. Il faut bien comprendre, en ces temps actuels de profusion médiatique, que, avant les années 60 et la généralisation de la télévision dans les foyers, les principales images qui attisaient l'imaginaire étaient celles, rares et chères, du cinéma. Dès lors les plus grands acteurs de cinéma sont devenus l’incarnation de ces personnages de rêve.


Le show-biz se réduisait alors à quelques magazines et surtout à quelques images d’actualité, diffusées au sein même des cinémas. Ces stars étaient donc au firmament parce qu’elles étaient seules à habiter l’imaginaire. Et l’industrie du cinéma ne s’y trompait pas en organisant autour de ces étoiles immenses toute la puissance de leur industrie. Par exemple en construisant un film autour d’un acteur ou d’un duo. On ne compte plus, alors, le  nombre de stars que les studios ont tenté d’imposer, parfois avec réussite, parfois sans que la sauce ne prenne entre l’acteur et le public. C’est que, au-delà d’une intention des studios, au-delà des moyens mis en œuvre pour mettre en avant un acteur, il faut aussi que cet acteur ait un petit quelque chose qui le fasse coïncider avec le public.


Purs produits des studios hollywoodiens, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Ava Gardner, Audrey Hepburn, Gary Cooper, John Wayne ou Humphrey Bogart occupaient une place qui n’a pas d’égal de nos jours. Surtout maintenant que la présence médiatique est si envahissante et que le cinéma n’a plus le monopole de la création des stars. Après le cinéma il y eut des stars dans le monde du rock, puis venant de la télé puis dans le sport, etc. On trouve aujourd’hui mille chanteurs ou mille sportifs qui sont eux aussi des « stars ».

C’est ainsi que, même si plusieurs acteurs ont encore un prestige immense (on pense à Robert de Niro ou Jack Nicholson par exemple), leur renommée et leur place dans l’imaginaire collectif ne sont rien en regard de la « mise en légende » de Marlene Dietrich ou de Gary Cooper, qui au-delà de leur renommée, sont aujourd’hui des mythes. A l'heure de cet article, Kirk Douglas est le dernier de ces mythes à vivre encore.




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(1) : On pense aussi à Olivia de Havilland mais, à la différence de Kirk Douglas, elle est aujourd’hui oubliée.


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