A l’heure où l’on est envahi par le
qualificatif de « star », que l’on applique à tout va, il nous semble
pourtant qu’il n’y en ait plus qu’une seule qui soit encore de ce monde : Kirk
Douglas (1).
Qu’il y ait quantité d’acteurs renommés, dont
la notoriété envahit le monde, c’est évident. Qu’il y en ait d’excellents parmi
ceux-là, sans aucun doute. Mais ils n’ont rien à voir avec les stars de cinéma,
dans le sens premier du mot, avant qu’il soit utilisé à qui mieux-mieux et à
toutes les sauces.
Et, pour aller plus loin, on peut poser
l’hypothèse qu’il n’existe plus de nouvelles stars, depuis cinquante ans
maintenant. Depuis la mort de Marylin Monroe (ou peut-être la retraite de
Brigitte Bardot), c’en est fini de ces étoiles qui brillaient au firmament.
On peut bien
entendu discuter cette proposition. C’est ainsi que quelques grandes stars
pourraient prétendre à entrer dans cette catégorie aujourd’hui disparue des
Dieux de l’Olympe. On pense, en France, à Alain Delon. Il est vrai que son
prestige est immense sauf, paradoxalement, aux Etats-Unis. Mais les stars sont
presque exclusivement hollywoodiennes (Brigitte Bardot, à la renommée
internationale, étant peut-être la seule réelle exception).
Clint Eastwood
est sans doute aussi un acteur mythique, notamment au travers du personnage
qu’il a incarné et qui l’a révélé (l’homme sans nom ou Blondin dans les
westerns de Sergio Leone) et qui a impacté incroyablement et durablement
l’imaginaire collectif. Ce d’autant plus que Clint Eastwood, en tant que
réalisateur, a pu remettre en scène ce personnage, sous d’autres aspects (de Pale Rider à Impitoyable), contribuant ainsi à entretenir cette légende. Son
personnage de Dirty Harry appartient lui aussi à la légende, même si Eastwood
fut longtemps honni des critiques (et non des spectateurs) pour ce rôle.
Ces deux
exemples sont d’autant plus intéressants que leur renommée ne doit rien aux
majors américaines alors que les stars sont bien souvent de purs produits des
studios.
Les stars, dans ce sens ancien, sont des Dieux
de l’Olympe, des mythes vivants. Il faut bien comprendre, en ces temps actuels
de profusion médiatique, que, avant les années 60 et la généralisation de la
télévision dans les foyers, les principales images qui attisaient l'imaginaire
étaient celles, rares et chères, du cinéma. Dès lors les plus grands acteurs de
cinéma sont devenus l’incarnation de ces personnages de rêve.
Le show-biz se réduisait alors à quelques
magazines et surtout à quelques images d’actualité, diffusées au sein même des
cinémas. Ces stars étaient donc au firmament parce qu’elles étaient seules à
habiter l’imaginaire. Et l’industrie du cinéma ne s’y trompait pas en
organisant autour de ces étoiles immenses toute la puissance de leur industrie.
Par exemple en construisant un film autour d’un acteur ou d’un duo. On ne
compte plus, alors, le nombre de stars que
les studios ont tenté d’imposer, parfois avec réussite, parfois sans que la
sauce ne prenne entre l’acteur et le public. C’est que, au-delà d’une intention
des studios, au-delà des moyens mis en œuvre pour mettre en avant un acteur, il
faut aussi que cet acteur ait un petit quelque chose qui le fasse coïncider
avec le public.
Purs produits des studios hollywoodiens, Greta
Garbo, Marlene Dietrich, Ava Gardner, Audrey Hepburn, Gary Cooper, John Wayne
ou Humphrey Bogart occupaient une place qui n’a pas d’égal de nos jours.
Surtout maintenant que la présence médiatique est si envahissante et que le
cinéma n’a plus le monopole de la création des stars. Après le cinéma il y eut
des stars dans le monde du rock, puis venant de la télé puis dans le sport,
etc. On trouve aujourd’hui mille chanteurs ou mille sportifs qui sont eux aussi
des « stars ».
C’est
ainsi que, même si plusieurs acteurs ont encore un prestige immense (on pense à Robert de Niro ou Jack Nicholson par exemple), leur renommée et leur place dans l’imaginaire collectif ne sont rien en regard de la « mise en légende » de Marlene Dietrich ou de Gary Cooper, qui au-delà de leur renommée, sont aujourd’hui des mythes. A l'heure de cet article, Kirk Douglas est le dernier de ces mythes à vivre encore.
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(1) : On
pense aussi à Olivia de Havilland mais, à la différence de Kirk Douglas, elle
est aujourd’hui oubliée.
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