Intéressante
comédie de Alexander Mackendrick, même si on n’y retrouve cet humour noir
britannique si typique n'est pas aussi délicieux que dans Noblesse oblige de R. Hamer ou dans Tueurs de dames du même Mackendrick, tous les deux avec Alec Guinness. Mais le film aborde avec
beaucoup d’intelligence et de finesse le dilemme induit par le progrès
technologique : il rejoue ainsi la révolte des luddites à travers le sujet
complexe du chômage provoqué par l’invention révolutionnaire. Le film montre
bien les freins corporatistes – aussi bien patronaux que syndicaux – qui
structurent le monde économique. Et, au centre, le chercheur, inconscient de ce
qu’il provoque, avec, gravitant autour, ceux qui sont appâtés par la
découverte, ceux qui sont jaloux, ceux qui ont peur. Intelligemment, certains
personnages restent tout à fait flous et indéterminés (notamment Daphné, dont
on ne sait quel jeu elle joue et où se situe sa sincérité).
Le portrait de
la société est ainsi brossé avec un ton satyrique qui ne ménage aucun camp
(c’est bien là une grande valeur du film).
A noter qu’à la
fin, bien qu’ayant compris la portée révolutionnaire de sa nouvelle fibre textile (mais qui se révèle encore imparfaite), le gentil savant fou qu’est Sidney
Stratton décide de continuer ses recherches. Il n’a plus, alors, la caution de
l’innocence : c’est en son âme et conscience qu’il va tenter de faire aboutir ses
recherches, la société dût-elle en souffrir – ou en profiter : MacKendrick
laisse le spectateur se faire sa propre opinion sur ce point.
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