jeudi 6 juin 2019

La Rivière (He liu de M. Tsai, 1997)




Le film de Tsai Ming-Liang, s’il aborde des sujets fondamentaux avec un angle de vue remarquable, et malgré de bonnes trouvailles, a bien du mal à être convaincant.
Tsai Ming-Liang ausculte l’éclatement d’une famille, avec des personnages qui parlent peu, traversent lentement les rues, occupant des lieux volontiers montrés comme déshumanisés, comme une errance sans âme (le Antonioni de L’Éclipse n’est plus très loin). L’appartement familial semble lui aussi vide de tout sentiment, il ne permet plus à la famille de se retrouver et d’exister. On y voit le père, la mère, le fils, mais jamais chacun tous ensemble et on ne comprend que progressivement qu’ils partagent le même appartement. Et, métaphore de cet appartement où les liens familiaux partent à vau-l’eau, le plafond de la chambre du père a sans cesse plus de fuites, jusqu’à inonder progressivement les pièces.
Et le fils, au cou terriblement coincé et de plus en plus douloureux, traîne sa claudication torturée tout au long du film. Son mal dont l’origine est incertaine est une belle image de l’émiettement de la famille. Il y a la mère et son amant, le fils qui se tord de douleur, le père qui fréquente les saunas homosexuels. Et, comme un symbole de dépravation, dans cette noirceur chaude des saunas, le père et le fils, sans le vouloir, iront jusqu’à l’inceste.

Si La Rivière brosse un portrait très dur de la société taïwanaise – une société morcelée, froide, sans chaleur humaine et où chacun est seul – le film laisse le spectateur à une certaine distance de ses personnages, et ne parvient guère à donner une humeur universelle au monde qu’il saisit à l’écran.


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