Le film de Tsai Ming-Liang, s’il aborde des sujets
fondamentaux avec un angle de vue remarquable, et malgré de bonnes trouvailles,
a bien du mal à être convaincant.
Tsai Ming-Liang ausculte l’éclatement d’une famille, avec
des personnages qui parlent peu, traversent lentement les rues, occupant des
lieux volontiers montrés comme déshumanisés, comme une errance sans âme (le
Antonioni de L’Éclipse n’est plus très loin). L’appartement familial semble lui aussi vide de tout sentiment, il ne
permet plus à la famille de se retrouver et d’exister. On y voit le père, la
mère, le fils, mais jamais chacun tous ensemble et on ne comprend que
progressivement qu’ils partagent le même appartement. Et, métaphore de cet
appartement où les liens familiaux partent à vau-l’eau, le plafond de la
chambre du père a sans cesse plus de fuites, jusqu’à inonder progressivement
les pièces.
Et le fils, au cou terriblement coincé et de plus en plus
douloureux, traîne sa claudication torturée tout au long du film. Son mal dont
l’origine est incertaine est une belle image de l’émiettement de la famille. Il
y a la mère et son amant, le fils qui se tord de douleur, le père qui fréquente
les saunas homosexuels. Et, comme un symbole de dépravation, dans cette
noirceur chaude des saunas, le père et le fils, sans le vouloir, iront jusqu’à
l’inceste.
Si La Rivière
brosse un portrait très dur de la société taïwanaise – une société morcelée,
froide, sans chaleur humaine et où chacun est seul – le film
laisse le spectateur à une certaine distance de ses personnages, et ne parvient
guère à donner une humeur universelle au monde qu’il saisit à l’écran.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire