vendredi 26 juillet 2019

Il ne faut pas prêcher dans un film, nous dit Douglas Sirk



Une réflexion de Douglas Sirk (proposée lors d’une interview à Martin Scorsese dans son Voyage à travers le cinéma américain) :


« Ce qui est indirect est plus fort dans bien des cas, parce qu’on laisse l’imagination du public travailler. Et j’ai toujours été persuadé que mon public avait de l’imagination. Autrement il ferait mieux de ne pas aller au cinéma !
Vous savez, il faut laisser des choses non dites. Quand on commence à faire des sermons dans un film, à prêcher ou dès qu’on veut enseigner quelque chose au public, on fait un mauvais film. »


Scorsese associe à juste titre la citation à des extraits de Tout ce que le ciel permet : le happy-end conventionnel ne saurait masquer la critique sociale très forte (annonçant même les ravages de la télévision et la solitude des êtres), très fine (les enfants de Karine, bien loin d’être des révoltés à la James Dean, sont les premiers à exprimer le carcan social) et très philosophique (le film magnifie les valeurs de Thoreau).

Et en ces temps où le cinéma semble parfois relégué à un simple outil de propagande, de nombreux réalisateurs, français notamment, devraient revoir un peu les films de Sirk et se souvenir que le cinéma et son public méritent mieux que de lourds prêches émotionnels (ceux de Costa-Gavras, de Philippe Lioret, etc.).


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