Dans cette
décennie 70 où Hollywood revisite son cinéma, Klute apparaît un peu comme une version seventies des films noirs
des années quarante.
Alan Pakula se
désintéresse quelque peu de l’intrigue qui devient vite secondaire et se fixe
sur ses personnages, qu’il enferme progressivement dans une atmosphère pesante,
paranoïaque et confuse. Les cadrages travaillés et oppressants et l’image très
sombre appuient cet enfermement.
Le film décrit un univers mental, autour de l’étrange personnage de Klute (très bon Donald
Sutherland), un peu absent, taiseux, et qui se raccroche à la seule personne à
même de l’aider dans son enquête, Bree, la prostituée (Jane Fonda, à l’époque
sans doute très moderne, mais dont le personnage apparaît très daté aujourd’hui).
Et Bree, que Pakula filme longuement en train de se confier à sa psychanalyste et qui veut sans cesse tout maitriser dans son rapport aux hommes, s’en remet finalement
à ce Klute qui l’absorbe peu à peu et avec lequel elle parvient à s’abandonner.
Le film tourne
autour de thèmes à la mode (ici la libération sexuelle) et s’enfonce, à partir
de ce sujet trouble, jusque dans la noirceur des âmes.
Et – second thème
qui se développe peu à peu et prend progressivement toute la place – la vie
privée (et notamment sexuelle) est épiée et, enregistrée jusque dans ses
moindres détails, elle devient un moyen de contrôle et, donc, de pouvoir. Pakula
n’hésite pas à rester de longs moments à écouter les bandes sonores qui
défilent. Cette surveillance
quasi paranoïaque annonce d'ailleurs Conversation secrète.
C’est ainsi qu’à
partir d’un thème social, Pakula dérive vers une connotation plus politique,
sujet qui occupera largement ses prochains films (notamment À cause d’un assassinat et Les
Hommes du président).
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