lundi 30 septembre 2019

Shaun of the Dead (E. Wright, 2004)





Les zombies ayant investi les écrans à partir de la fin des années 60, il est tout à fait logique que, progressivement, ils soient absorbés par la machinerie commerciale. La comédie étant l’un des genres majeurs et qui phagocyte peu à peu, hélas, tous les autres genres (est-il encore possible d’avoir un film d’actions sans bons mots destinés à faire rire le public ?), il était tout à fait prévisible que, après le film gore ou le film d’horreur (on pense à Evil Dead ou Braindead dans les années 80 et 90), la comédie se tourne vers les zombies. Et, bien sûr, ce n’est pas la comédie noble et savoureuse, digne descendante d’une prestigieuse lignée (on voit mal Lubitsch jouer avec des zombies), mais, comme de bien entendu, c’est la comédie lourde et vide, emplie de personnages caricaturaux et idiots, qui va vampiriser les films de zombies. Shaun of the dead est de cette veine, avec, donc, des zombies qu’il s’agit de dégommer à qui mieux-mieux, entre deux blagues oiseuses.

On a cette désagréable impression que l’industrie cinématographique agit comme la maladie du film qui tue d’abord avant de permettre aux morts de se relever en zombies hagards : elle s’empare d’un genre (ici le film de zombies, qui vaut ce qui vaut, mais enfin qui a ses codes, ses significations, son regard sur la société américaine) et le zombifie en le soumettant à la moulinette de la comédie qui, comme un virus terrible, crétinise, lisse, affadit, rend consommable (dans le sens qu’il propose un spectacle familial tranquillement divertissant) un genre qui, ontologiquement, se veut dérangeant.


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