Les zombies
ayant investi les écrans à partir de la fin des années 60, il est tout à fait
logique que, progressivement, ils soient absorbés par la machinerie
commerciale. La comédie étant l’un des genres majeurs et qui phagocyte peu à
peu, hélas, tous les autres genres (est-il encore possible d’avoir un film d’actions
sans bons mots destinés à faire rire le public ?), il était tout à fait
prévisible que, après le film gore ou le film d’horreur (on pense à Evil Dead ou Braindead dans les années 80 et 90), la comédie se tourne vers les
zombies. Et, bien sûr, ce n’est pas la comédie noble et savoureuse, digne
descendante d’une prestigieuse lignée (on voit mal Lubitsch jouer avec des zombies),
mais, comme de bien entendu, c’est la comédie lourde et vide, emplie de personnages
caricaturaux et idiots, qui va vampiriser les films de zombies. Shaun of the dead est de cette veine,
avec, donc, des zombies qu’il s’agit de dégommer à qui mieux-mieux, entre deux
blagues oiseuses.
On a cette
désagréable impression que l’industrie cinématographique agit comme la maladie
du film qui tue d’abord avant de permettre aux morts de se relever en zombies hagards :
elle s’empare d’un genre (ici le film de zombies, qui vaut ce qui vaut, mais
enfin qui a ses codes, ses significations, son regard sur la société américaine)
et le zombifie en le soumettant à la moulinette de la comédie qui, comme un
virus terrible, crétinise, lisse, affadit, rend consommable (dans le sens qu’il
propose un spectacle familial tranquillement divertissant) un genre qui,
ontologiquement, se veut dérangeant.
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