S’il semble de prime
abord se confiner au cinéma français des années 70 (de par son style ou ses
acteurs), Armaguedon a d’étonnantes résonances actuelles, par exemple la menace terroriste (avec le kamikaze dans
la dernière séquence), le profiler
(que l’on subira jusqu’à plus soif dans les thrillers modernes) ou la
dénonciation de la télévision. Le film reprend sur ce point la même ligne que
le Network de Lumet, sorti au même
moment, aux États-Unis.
Mais, au-delà du
rythme rapide et sans temps mort qui conduit efficacement l’action, c’est bien
entendu le message final de Louis Carrier qui est intéressant. Bien loin de la
diatribe attendue (on pensait qu’il s’en prendrait, comme il se doit, à une attaque en règle contre les puissances supérieures qui écrasent le monde), c’est une
adresse directe au Français et à son endormissement, à son absence de volonté
et à son abrutissement par la télé. Si l’idée, en elle-même, n’est pas
originale, elle l’est beaucoup plus dans le contexte proposé. C’est l’individu
que vise Louis Carrier, individu qu’il cherche à émouvoir dans un discours qui
se veut touchant et empli de bons sentiments, mais qui est reçu avec des
moqueries.
Si Jean Yanne
est très bien – de même que les seconds rôles, Michel Duchaussoy et Renato
Salvatori – c’est Delon qui n’est pas bon : son personnage est beaucoup
trop à son avantage et sûr de lui. Mais, dans les années 70, Delon commence à
réduire la caractérisation de ses personnages à ce seul stéréotype, alors qu’il
avait su, jusqu’alors, jouer sur de nombreux registres (à ce moment de sa
carrière, il ne lui reste plus guère de grands rôles, hormis dans Monsieur Klein).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire