mardi 28 janvier 2020

Armaguedon (A. Jessua, 1977)




S’il semble de prime abord se confiner au cinéma français des années 70 (de par son style ou ses acteurs), Armaguedon a d’étonnantes résonances actuelles, par exemple la menace terroriste (avec le kamikaze dans la dernière séquence), le profiler (que l’on subira jusqu’à plus soif dans les thrillers modernes) ou la dénonciation de la télévision. Le film reprend sur ce point la même ligne que le Network de Lumet, sorti au même moment, aux États-Unis.
Mais, au-delà du rythme rapide et sans temps mort qui conduit efficacement l’action, c’est bien entendu le message final de Louis Carrier qui est intéressant. Bien loin de la diatribe attendue (on pensait qu’il s’en prendrait, comme il se doit, à une attaque en règle contre les puissances supérieures qui écrasent le monde), c’est une adresse directe au Français et à son endormissement, à son absence de volonté et à son abrutissement par la télé. Si l’idée, en elle-même, n’est pas originale, elle l’est beaucoup plus dans le contexte proposé. C’est l’individu que vise Louis Carrier, individu qu’il cherche à émouvoir dans un discours qui se veut touchant et empli de bons sentiments, mais qui est reçu avec des moqueries.
Si Jean Yanne est très bien – de même que les seconds rôles, Michel Duchaussoy et Renato Salvatori – c’est Delon qui n’est pas bon : son personnage est beaucoup trop à son avantage et sûr de lui. Mais, dans les années 70, Delon commence à réduire la caractérisation de ses personnages à ce seul stéréotype, alors qu’il avait su, jusqu’alors, jouer sur de nombreux registres (à ce moment de sa carrière, il ne lui reste plus guère de grands rôles, hormis dans Monsieur Klein).



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