mercredi 22 janvier 2020

Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti de F. Fellini, 1965)



Si l’on retrouve, dans Juliette des esprits, le goût de Federico Fellini pour la touche onirique qu’il affectionne tant, le film reste ancré dans une forme de réalité, sans construire un univers décalé, fantasmagorique, empreint de souvenirs et de baroquisme (comme dans tant de grands films du réalisateur, de Huit et demi à Et vogue le navire, en passant par Amarcord). Ici, face au doute qui peu à peu, se mue en certitude quant à la tromperie de son mari, Juliette fuit le monde, se réfugie en elle-même, dans son imaginaire.
Mais Juliette, pourtant toujours jouée par Giuletta Masina, est un pêrsonnage beaucoup plus terne que Gelsomina dans La Strada ou Cabiria dans Les Nuits de Cabiria. D’ailleurs elle ne lutte pas réellement face à la tromperie de son mari, simplement elle s’enfuit en elle-même. Elle va alors flirter avec des tensions enfouies, la peur de la mort, la religion, tout ce mélange jouant comme une psychanalyse qui lui permet d’affronter la réalité, après un long détour par l’imaginaire. Mais c’est peut-être ce manque de personnalité de l’héroïne qui donne une forme de froideur, parfois, au film, alors que bien des images étonnantes traversent l’écran et que Fellini, fidèle à sa maestria si singulière, continue de jouer avec l’image, d’innover et de créer sans cesse, avec une puissance visuelle et onirique toujours renouvelée.


 

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