Extraordinaire film de David
Cronenberg qui tisse une toile complexe autour de son personnage, Dennis « Spider »
Cleg (excellent Ralph Fiennes), et prend le spectateur dans un entrelacs
d'images qui sont des souvenirs, des délires ou des cauchemars ; oscillant
entre le quotidien de Dennis, son passé d'enfant et ses fantasmes.
Cronenberg cherche à sonder
l'inconscient de son personnage : il s'agit de plonger dans son esprit malade,
tenter de lever son amnésie et pour cela retrouver l'origine de cette
terreur enfantine qui le bloque depuis si longtemps. Le film correspond en
quelque sorte à la séance de thérapie, étalée sur plusieurs jours, mise au
point par le directeur de l'asile pour soigner Cleg. Spider rejoint alors, dans
sa thématique, des films aussi divers que La
Maison du Docteur Edwards, Marnie,
La Vallée de la peur ou encore Shutter Island. C'est d'un traumatisme
passé dont il s'agit et qu'il faut percer à jour.
La compréhension fine suppose de démêler les images qui relèvent de la
réalité de Cleg, celles qui sont issues de son enfance, et celles qui sont de
l'ordre du fantasme. La confusion entre sa mère, la prostituée Yvonne ou sa
logeuse Mme Wilkinson, confusion entretenue à l'image où tout s'entremêle, est
un exemple de ces constructions, tout droit issues du cerveau malade de Cleg et
qu'il faut interpréter (de même la vision du jardin et de la cabane, qui
recèle le secret caché de l'enfant). La toile d'araignée est donc tout autant
celle qui est tissée au creux du cerveau de Cleg que la dispersion des indices
par Cronenberg qui amènent le spectateur vers la révélation finale.
Le « What have you done ? » prononcé par Mme Wilkinson peut
signifier la prise de conscience de Cleg : il peut être ramené à l'asile. C'est
Cleg enfant que l'on voit dans la voiture, la révélation l'ayant brusquement
ramené vers son passé. Cette dernière image fait écho avec le final du Messager de J. Losey, où là aussi un
traumatisme d'enfant (d'un autre ordre) bloque un adulte, le rend incapable
d'amour et bloque sa relation à autrui. Cette construction complexe, à coups
d'images mentales qui construise un labyrinthe complexe mêlant réalité et
fantasmes, rappelle aussi Mulholland Drive
(le film ayant clairement des accents lynchiens).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire