Immédiatement,
on comprend que The Irishman vient
clore une série de films, venant à la suite des Affranchis et de Casino,
et mettre un troisième volet à une
trilogie magistrale et essentielle dans l’œuvre de Scorsese. Après la
jeunesse folle (Les Affranchis), la
maturité (Casino) – à chaque fois
construit autour d’une trajectoire de grandeur puis de décadence – arrive la
vieillesse. Les Wiseguys ont bien vieilli, ils sont assagis. Et, plutôt que de
finir comme des ploucs (selon le mot final des Affranchis), ce sont des vieillards en chaise roulante que nous
montre Scorsese.
Pour le reste
les grands principes restent les mêmes : on retrouve ce monde de mafieux
où un claquement de doigt suffit à faire incendier un restaurant ou abattre un
homme et où l’on descend sans sourciller, parce qu’ainsi sont les ordres, celui
avec qui l’on trinquait hier.
Et l’on voit,
assit calmement dans un restaurant, Joe Pesci, le légendaire fou bouillonnant à
la voix aussi coupante que ses couteaux, assagi et lent ; Al Pacino aboie mais
ne mort pas ; De Niro, lent et bedonnant, boitille et trébuche. Le monde
est le même mais le temps a passé. Vient alors le moment tant redouté de l’introspection
et du regard sur la vie passé. L’ouverture et la fermeture du film sur le
couloir de la maison de retraite, sont, à ce titre, lapidaires.
Il faut aussi regretter que le film ne soit pas sorti sur les écrans des salles de cinéma : Martin Scorsese, ne parvenant pas à se faire produire par les majors (ce qui est tout à fait sidérant), s'est alors tourné vers Netflix, trop heureux d'accrocher le prestigieux réalisateur à son tableau de chasse. Hollywood, en refusant de produire puis de distribuer de tels réalisateurs, se tire une balle dans la pied et sera bien mal placé pour se plaindre quand Netflix et consorts auront pris des parts de marché et donné de nouvelles habitudes aux spectateurs qu'il sera bien difficile de faire revenir dans les salles de cinéma.
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