Pénible série B,
Dragon Inn est rapidement fatigant.
Si King Hu est une figure maîtresse du wuxia (les films chinois d’arts martiaux et de
sabres), notamment avec A Touch of Zen,
ici il n’y a plus la moindre poésie ou la moindre épaisseur spirituelle et le film, qui fait partie de ceux qui posent les bases du genre, se réduit à un catalogue des codes que l'on retrouvera dans de nombreux wuxia. Le film introduit notamment l'image (que l'on reverra souvent) des eunuques maléfiques et de l'auberge, dans laquelle se concentre longtemps l'action. Mais cet assemblage sans saveur suffisait à l'époque : en Chine, le film fut un gros succès.
Le scénario
n’est là que pour proposer des prétextes à des combats sans intérêts et sans grâce. Les personnages sont vides et creux et le film devient rapidement complètement
artificiel et vain. On sent combien le genre, au travers de ce type de réalisation
dévitalisée, se rapproche du western italien, mais dans ce qu’il a de plus creux, répétitif et caricatural (n’oublions pas que, pour plusieurs centaines de westerns
italiens réalisés, seuls quelques-uns sont remarquables ou exceptionnels).
On se retrouve donc
avec des méchants qui sont décimés dans une auberge, avec un chef des méchants
vraiment très méchant (ce qui veut dire, code du genre oblige, qu’il est encore
plus fort en arts martiaux) et qui va tuer plusieurs gentils avant d’être tué à
son tour (mais après un âpre combat). Si le film suit pas à pas les recettes du
wuxia, il ne séduira que les amateurs les plus assidus.
Dragon Inn,
cependant, aura une belle postérité, avec plusieurs cinéastes qui réaliseront
des suites ou s’inspireront de la fameuse auberge au centre du film. Et il faudra
toute la vista de Ang Lee (Tigre et
Dragon) ou de Tarantino (grand fan du genre, et qui reprend mille motifs
dans ses deux Kill Bill) pour réaliser, à
partir de ce matériau bien peu inspirant, des films d’une toute autre
saveur.
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