samedi 29 août 2020

Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (M. Audiard, 1968)




Michel Audiard, grand dialoguiste et auteur de tant de répliques cultes, n’est guère convaincant en prenant en main la réalisation. Son talent consistant à faire dire des tirades bien senties à ses acteurs, son film se résume à une collection d’adresses aux spectateurs pour déclamer des monologues semi-philosophiques qui se veulent drôles. Mais c’est oublier que l’on ne peut faire l’économie d’un scénario qui tienne debout et de personnages consistants : le résultat est catastrophique.
Alors Bernard Blier, Robert Dalban, André Pousse ou Françoise Rosay sont réduits à surjouer sans cesse même s’ils ont, de temps à autre, ce bon mot qui fait mouche. Mais l’humour potache lasse et le film sombre peu à peu dans le ridicule. Notons le jeu épouvantable de Marlène Jobert qui laisse perplexe, elle qui jouera si juste avec Pialat quelques années plus tard (dans Nous ne vieillirons pas ensemble).
C’est là qu’on mesure la difficulté, pour un réalisateur, de rester en équilibre : avoir de l’humour implique néanmoins une consistance et une crédibilité qui tienne le film. Lautner le fait parfaitement dans ses Tontons flingueurs, ici Audiard se fourvoie complètement. Il ne reste guère, ici et là, que la trogne inimitable de Blier, pour sauver (à grand peine) ce qui peut l’être.


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