Andrzej Wajda a essentiellement
filmé l’histoire de la Pologne : l’après-guerre terrible avec la lutte
entre les patriotes et les communistes (dans ses trois premiers films), puis le
joug communiste (L’Homme de marbre) et
la montée des syndicats (L’Homme de fer)
et revenant tardivement sur les massacres du début de la guerre (avec Katyn). Ici, après Une fille a parlé et avant Cendres et diamant, il explore la confrontation de la jeunesse polonaise avec la
guerre : ces jeunes adultes découvrent le monde dans la violence et la
mort, traqués et perdus, bientôt fatigués et résignés.
Passant
habilement d’un film sur la grande histoire (l’insurrection de Varsovie de
septembre 1944) à une histoire rapidement plus intimiste, la fin très noire
montre le regard sans faux semblant de Wajda qui, au moment où il tourne, sait
comment se terminera cette insurrection et à quel point la Pologne sortira
décimée et ravagée par la guerre.
Wajda rompt
surtout avec l'académisme du réalisme socialiste en imposant un style marqué, esthétique et romantique
(malgré la violence du propos), avec des lumières
contrastées, des plans exagérés et une présentation du monde très sombre. Le
film, d’ailleurs, se passe pour l’essentiel dans les égouts ; égouts d’où
l’on ne ressort pas vivant, mais où l’on se perd, où l’on est traqué, où l’on
s’illusionne ou se désespère.
On trouvera des
traces de ce film dans Cendres et diamant,
où Maciek dit porter des lunettes noires en souvenir des égouts traversés
pendant la guerre.
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