lundi 19 octobre 2020

Le Traître (Il traditore de M. Bellocchio, 2019)



Très bon film de Marco Bellochio, sans doute l’un de ses meilleurs (même si Un poing dans les poches reste un premier film très marquant).
Quand bien même le film démarre avec une référence au Parrain (en débutant par une fête de famille), il s’éloigne ensuite de son prestigieux (et écrasant) prédécesseur pour raconter brillamment l’histoire de Thomas Buscetta, qui rompt l’omerta et parle. Mais, de son point de vue, il ne s’agit pas d'une trahison, puisqu’il reste fidèle à l’idée qu’il se faisait de la Cosa Nostra, qu’il considère comme ayant trahi sa ligne avec l’irruption de la drogue (on retrouve là aussi un parallèle avec Le Parrain puisque c’est la question de la drogue qui provoque une guerre entre les familles Newyorkaises). Il se considère alors comme délié de sa parole du fait de la traitrise de la Cosa Nostra. Le film, en étant axé sur l’omerta reprend donc plus la filiation de La Mafia fait la loi de D. Damiani ou de Cosa Nostra de T. Young plutôt que celle des films américains de Coppola ou Scorsese. Mais on y retrouve, bien sûr, comme le veut la tradition des films de mafia, cette violence où des amis proches qui faisaient la fête ensemble s’assassinent sans coup férir. Et le film, s’appuyant sur des évènements réels, illustre aussi la violence terrible qui peut s’abattre, avec en particulier l’assassinat remarquablement filmé du juge Falcone).
Le film met en lumière le fameux et retentissant procès de Palerme, qui fut retransmis à la télévision, mais sous un angle inédit : il montre ce qui était resté caché aux yeux des caméras, c'est-à-dire le contre-champ qui ne fut jamais montré pour des raisons de sécurité. Là c’est le traître qui occupe le cadre.


Construit comme une fresque et s’étalant sur des années – avec en point d’orgue le fameux procès – Le Traître s’appuie sur un excellent Pierfrancesco Favino, qui épaissit sans cesse son personnage : on le croyait monolithique, il se révèle empli de failles ; il est vu comme un traître quand il reste, de son point de vue, un homme d’honneur.


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