samedi 17 octobre 2020

Phantom of the Paradise (B. De Palma, 1974)




Incroyable film de Brian De Palma, dont la virtuosité stylistique et l’esthétique volontiers kitsch envahissent chaque plan. Et, non content de ce style détonnant, De Palma construit un récit dense, qui évoque à la fois Faust, Le Portrait de Dorian Gray, Docteur Mabuse ou encore, bien sûr, Le Fantôme de l’opéra.
C’est ainsi que Swan, le producteur tout puissant, dévore tous les artistes qui se présentent, les essorant comme des citrons – d’où le nom du groupe qu’il utilise (The Juicy Fruits, les fruits juteux) pour les vider bientôt de leur substance – comme il le fait avec Winslow Leach, figure de l’artiste maudit. De Palma, en passant, règle ses comptes avec les studios, dénonçant la dévitalisation des réalisateurs, embringués dans la grande machinerie des majors (en particulier la Warner, qui l’a évincé de la réalisation de Get to Know Your Rabbit, remontant le film sans son accord).
Swan, alors, devient cette grande figure faustienne, celle avec lequel on signe un pacte diabolique qui va bientôt perdre Winslow, figure qui évoque aussi le Docteur Mabuse, dont l’attrait magnétique lui permet de dépouiller ses victimes.
Le mélange des genres, pourtant pas simple avec de telles figures tutélaires, est parfaitement réussi. C’est que De Palma, confiant dans sa vista, déroule des plans baroques et géniaux (il se permet de reprendre, en le complexifiant, le célèbre plan d’ouverture de Welles dans La Soif du mal, comme pour montrer qu’il est plus virtuose encore que le maître), installe une esthétique pop criarde mais dont l’outrance est assumée (avec le look et le style des Juicy Fruits) et construit un récit foisonnant. Et, bien sûr, De Palma ne serait pas totalement De Palma sans référence à l’assassinat de JFK, grand motif qui traverse si souvent son œuvre, ni référence à Hitchcock (il pastiche ici la scène de la douche de Psychose et évoque L’Homme qui en savait trop).



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