samedi 23 janvier 2021

Le Cheik blanc (Lo sceicco bianco de F. Fellini, 1952)



Avant de dépasser le néoréalisme en faisant exploser son style très onirique et si caractérisé, Fellini s’attaque à la démystification non pas directement du cinéma (comme le fera Visconti dans Bellissima) mais du roman-photo, avec l’aventure de cette jeune femme timide et adoratrice d’une série télévisée qui cherche à rencontrer son héros.
Dans un beau montage parallèle, Fellini parvient à montrer à la fois le pathétique de la situation du pauvre Ivan, qui se croit abandonné par sa femme tout en cherchant à sauver la face devant sa famille, et Wanda qui découvre l’envers du décor du tournage de la série.
L’adoration de Wanda pour le héros de la série est basée sur un mensonge, une fausseté qui cache une réalité prosaïque et terne, loin de l’héroïsme échevelé des personnages. Alberto Sordi (génial, comme toujours) incarne parfaitement la trivialité qui se donne des airs, ce faux héros et vrai profiteur, lâche et infiniment petit.
Si Fellini est encore très influencé par le néoréalisme dont il descend en droite ligne, on voit déjà apparaître en filigrane ce qui sera bientôt son univers : le film est moucheté de personnages pittoresques, d’une ambiance de cirque, de faux-semblants, d’une structure sociale organisée autour de la religion, d’illusions, d’images incongrues sur la plage, d’errance. On y trouve aussi, le temps d’une apparition, le petit rôle de Giuletta Masina en prostituée qui inspirera celui de Cabiria.


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