Ce classique du
film de zombies de George Romero, s’il reprend les principaux éléments du genre,
cherche à explorer plus avant la figure du zombie, en même temps qu’il continue
de délivrer un regard sur la société.
Après l’apparition
en plein cadre du refoulé et du paria (La Nuit des morts-vivants), la dénonciation de la surconsommation (Zombie), ici, dans un monde laissé à la
merci des zombies (idée de départ pourtant riche de prime-abord), Romero vient
dénoncer l’Amérique des années 80, en particulier – c’est à cela, malheureusement,
qu’il réduit l’essentiel de son script – l’emprise des militaires sur l’Amérique,
qui est montrée, en ce sens, comme totalitaire. Si l’on rajoute les rues
envahies par les zombies, les billets de banque qui s’envolent au grès du vent ou
un crocodile sortant d’une banque, on mesure avec quel gros pinceau l’Amérique
reaganienne est portraiturée.
On regrette que
le film, après une bonne première séquence en extérieur, vienne s’enfermer dans
un huis-clos qui tourne un peu à vide. L’idée étant que, quand tout est détruit,
on se replie sur soi jusqu’au recroquevillement. Restreindre ainsi une bonne
idée de départ (un monde désormais livré aux zombies) est un peu frustrant
(quelques puissent être les contraintes budgétaires qui ont fatalement bridées
Romero).
Mais Romero,
néanmoins a plusieurs bonnes idées qui viennent enrichir ce que le zombie a à
nous dire. Ainsi Romero se concentre davantage sur ses créatures, avec l’image
du savant fou qui cherche à décrypter leur comportement. On voit mieux, alors,
combien le zombie, dans le cinéma de Romero, est une version réduite à sa plus
simple expression, sans enrobage, décivilisée autant que décérébrée, de l’humain,
mais à qui il reste malgré tout une mémoire vague des choses, une empreinte du passé
qui le meut. Derrière l’apprentissage du zombie qui s’apprivoise, on retrouve l’idée
forte de Zombie où les créatures erraient
dans le centre commercial (images que rejoignent celles de Jarmusch dans The Dead Don’t Die, où les zombies,
hagards, marmonnent « wifi » ou « Bluetooth »). Ce travail
sur le zombie lui-même reprend et accentue l’idée qu’il est un miroir déformé
de l’humanité (ou de ce qu’il en reste, nous dit Romero). La frontière entre l’homme
et sa version zombie est décidément plus incertaine que jamais.
Romero, enfin, s’amuse
à renchérir sur le gore (qui est essentiel dès son premier film et que l’on
retrouve, ensuite, dans tous les autres), avec des éviscérations en veux-tu en
voilà.
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