Après un premier
film intéressant (Dans
ma peau), Marina De Van déçoit avec ce deuxième film sans grand
intérêt.
L’idée
de départ est pourtant très bonne : une femme sent qu’elle n’est pas celle
qu’elle pense être et, peu à peu, tout se transforme autour d’elle et,
elle-même, tout aussi progressivement, se transforme en une autre (au niveau
des actrices c’est amusant : Sophie Marceau se transforme en Monica
Bellucci). Mais cette bonne idée est gâchée par ce que la réalisatrice avait
bien parfaitement évité dans son premier film : une fois ce jeu de flou et
d’inversion effectué, le film passe une heure à expliquer le pourquoi du comment.
Bien entendu il ne fallait pas d’explication (de la même façon que, dans Dans
ma peau, il n’était pas question d’expliquer les penchants terribles de
l’héroïne). Et cette explication, très laborieuse et alambiquée, enlève tout le
sel un peu fantastique, étrange ou cauchemardesque que le film aurait pu avoir.
Tout ce qui devait rester de l’ordre de sensations dont on se serait demandé ce
qu’il en était réellement devient rationnel.
Cela
dit, même sur la partie intéressante où tout devient flou autour de Jeanne, la
signification de l’image, bientôt, est tout à fait perdue. Tantôt Jeanne ne
voit pas ce que nous, spectateurs, voyons ; tantôt, nous voyons ce que
nous savons être une vision de Jeanne. Dès lors l’image, très vite, nous ment
tout à fait et on ne peut plus ressentir d’étrangeté ou de malaise puisqu’on ne
peut plus se raccrocher à l’image pour tenter d’y démêler le vrai du faux. Tout
l’art du trouble consiste à rester sur la crête étroite de l’incertitude, du
gap, de l’indice mais Marina De Van ne reste que très peu de temps sur cet
équilibre étroit et, très vite, la bizarrerie laisse place à l’attente de
l’explication, bien laborieuse, inutile et qui met du temps à venir.
On
notera la faible qualité des acteurs : Andrea Di Stefano, dans le rôle du
mari, est très mauvais. Associé à Sophie Marceau (qui surjoue maladroitement
comme souvent), ils forment un duo de choc qui n’aide pas à entrer dans le
film.
On
est très loin – c’est rien de le dire – des grands films d’explorations
psychiques tels que Mullholand Drive, qui vient forcément à l’esprit.
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