jeudi 4 février 2021

Ne te retourne pas (M. De Van, 2009)

 



Après un premier film intéressant (Dans ma peau), Marina De Van déçoit avec ce deuxième film sans grand intérêt.

L’idée de départ est pourtant très bonne : une femme sent qu’elle n’est pas celle qu’elle pense être et, peu à peu, tout se transforme autour d’elle et, elle-même, tout aussi progressivement, se transforme en une autre (au niveau des actrices c’est amusant : Sophie Marceau se transforme en Monica Bellucci). Mais cette bonne idée est gâchée par ce que la réalisatrice avait bien parfaitement évité dans son premier film : une fois ce jeu de flou et d’inversion effectué, le film passe une heure à expliquer le pourquoi du comment. Bien entendu il ne fallait pas d’explication (de la même façon que, dans Dans ma peau, il n’était pas question d’expliquer les penchants terribles de l’héroïne). Et cette explication, très laborieuse et alambiquée, enlève tout le sel un peu fantastique, étrange ou cauchemardesque que le film aurait pu avoir. Tout ce qui devait rester de l’ordre de sensations dont on se serait demandé ce qu’il en était réellement devient rationnel.
Cela dit, même sur la partie intéressante où tout devient flou autour de Jeanne, la signification de l’image, bientôt, est tout à fait perdue. Tantôt Jeanne ne voit pas ce que nous, spectateurs, voyons ; tantôt, nous voyons ce que nous savons être une vision de Jeanne. Dès lors l’image, très vite, nous ment tout à fait et on ne peut plus ressentir d’étrangeté ou de malaise puisqu’on ne peut plus se raccrocher à l’image pour tenter d’y démêler le vrai du faux. Tout l’art du trouble consiste à rester sur la crête étroite de l’incertitude, du gap, de l’indice mais Marina De Van ne reste que très peu de temps sur cet équilibre étroit et, très vite, la bizarrerie laisse place à l’attente de l’explication, bien laborieuse, inutile et qui met du temps à venir.
On notera la faible qualité des acteurs : Andrea Di Stefano, dans le rôle du mari, est très mauvais. Associé à Sophie Marceau (qui surjoue maladroitement comme souvent), ils forment un duo de choc qui n’aide pas à entrer dans le film.
On est très loin – c’est rien de le dire – des grands films d’explorations psychiques tels que Mullholand Drive, qui vient forcément à l’esprit.

 





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