Le film de Maurice Tourneur raconte avec facilité et élan le parcours
d’un cynique à l’apparence affable et généreuse mais en réalité audacieux et redoutable :
si Victor Larnois semble perpétuellement de bonne humeur et conciliant, il n’hésite
pas à passer en douce, à trahir, à filouter et à rendre les coups. Sa
sociabilité fait le reste et il s’immisce parfaitement dans le petit marigot
que constitue le monde du spectacle dans lequel il s’infiltre jusqu’à parvenir
aux plus hautes responsabilités.
Le rôle va comme un gant à Maurice Chevalier, qui oscille
entre crédibilité et caricature, entre grandiloquence et distance ironique.
Bien sûr la critique sociale est sévère : dans ce monde sans pitié,
l’apparence est primordiale, c’est-à-dire la superficialité, l’absence de profondeur
et de substance.
On retrouve une image opposée au personnage de Larnois dans Bienvenue, mister Chance où un vrai
doux gentil (et non un cynique narquois), joué magistralement par Peter
Sellers, progresse lui aussi à pas de géant mais malgré lui, du fait de la
médiocrité et de l’intéressement de ceux qui l’entourent.
On a alors deux versions corrosives de la société qui sont évidemment
deux revers d’une même pièce : le théâtre social est peuplé d’arrivistes
sans scrupules qui sont autant de crabes entremêlés qui se pincent entre eux.
Mister Chance, sur une autre planète, est insensible aux blessures et Victor
Larnois, sous ses dehors inoffensifs, n’en pince que plus sournoisement et violemment les
autres pour se frayer un chemin…
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