Sans être un grand film (il n’est pas exempt de défauts, notamment
dans la faiblesse du couple Cutler, assez peu intéressant et qui déséquilibre le
film), Niagara est un film étonnant, qui
est, en fait, un film noir filmé essentiellement en extérieur, dans un décor naturel flamboyant,
riche en couleurs et, surtout, avec Marilyn Monroe en ligne de mire permanente de la caméra. Tout
tourne autour d’elle, c’est elle qu’il s’agit de filmer. Autant d’éléments qui
rompent avec les codes du genre qui sont, par ailleurs, dans les éléments du
récit, tout à fait respectés (le mari trompé, la femme manipulatrice, une machination,
des meurtres, etc.).
Au-delà de cet aspect de film de commande dédié à la gloire d’une
actrice qu’il s’agit de stariser, cela crée une dissonance puisque ni l’actrice
ni la façon dont elle est filmée ne sont raccord avec le personnage de film
noir qu’elle est censée incarner, celui de la femme fatale et manipulatrice
(dont Barbara Stanwyck, dans Assurance sur
la mort ou Gloria Swanson, dans Boulevard du crépuscule, sont des exemples remarquables). Ici Marilyn rayonne, c’est
une star pop caricaturale aux couleurs flashy, filmée en plein cadre, en plein
soleil, au cœur du monde. Bien sûr, à cette actrice hors norme (en ce qu’elle
dépasse le cinéma pour aller se ficher dans l’imaginaire collectif), Henry Hathaway
ajoute le fameux décor des chutes du Niagara, jouant (un peu comme Hitchcock a
pu le faire avec le Mont Rushmore ou la statue de la Liberté) à mettre en scène
le décor. À ce titre, la fin, hormis quelques transparences un peu ratées, est
remarquablement spectaculaire.
Il reste alors, de cet étrange mélange, des images : celle des trombes d’eau du fleuve qui se déverse, et celles de Marilyn
éclaboussée par les chutes, de ses déhanchements exagérés, de ses robes
moulantes aux couleurs éclatantes.
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