jeudi 6 mai 2021

Niagara (H. Hathaway, 1953)

 


Sans être un grand film (il n’est pas exempt de défauts, notamment dans la faiblesse du couple Cutler, assez peu intéressant et qui déséquilibre le film), Niagara est un film étonnant, qui est, en fait, un film noir filmé essentiellement en extérieur, dans un décor naturel flamboyant, riche en couleurs et, surtout, avec Marilyn Monroe en ligne de mire permanente de la caméra. Tout tourne autour d’elle, c’est elle qu’il s’agit de filmer. Autant d’éléments qui rompent avec les codes du genre qui sont, par ailleurs, dans les éléments du récit, tout à fait respectés (le mari trompé, la femme manipulatrice, une machination, des meurtres, etc.).


Au-delà de cet aspect de film de commande dédié à la gloire d’une actrice qu’il s’agit de stariser, cela crée une dissonance puisque ni l’actrice ni la façon dont elle est filmée ne sont raccord avec le personnage de film noir qu’elle est censée incarner, celui de la femme fatale et manipulatrice (dont Barbara Stanwyck, dans Assurance sur la mort ou Gloria Swanson, dans Boulevard du crépuscule, sont des exemples remarquables). Ici Marilyn rayonne, c’est une star pop caricaturale aux couleurs flashy, filmée en plein cadre, en plein soleil, au cœur du monde. Bien sûr, à cette actrice hors norme (en ce qu’elle dépasse le cinéma pour aller se ficher dans l’imaginaire collectif), Henry Hathaway ajoute le fameux décor des chutes du Niagara, jouant (un peu comme Hitchcock a pu le faire avec le Mont Rushmore ou la statue de la Liberté) à mettre en scène le décor. À ce titre, la fin, hormis quelques transparences un peu ratées, est remarquablement spectaculaire.
Il reste alors, de cet étrange mélange, des images : celle des trombes d’eau du fleuve qui se déverse, et celles de Marilyn éclaboussée par les chutes, de ses déhanchements exagérés, de ses robes moulantes aux couleurs éclatantes.



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