vendredi 1 octobre 2021

Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman of Alcatraz de J. Frankenheimer, 1962)

 



Avec Le Prisonnier d’Alcatraz, John Frankenheimer expose une idée importante qui prend tout son sens dans l’œuvre même du cinéaste. Il faut dire que l’essentiel de Frankenheimer est dans ses films de jeunesse où il a beaucoup à dire, et, ensuite, rattrapé par Hollywood, il ne dira plus grand-chose.
De Seconds aux Gypsy Moths, Frankenheimer traque des personnages qui ne sont pas bien dans leur peau, qui se cherchent, qui s’effondrent sous le quotidien ou la banalité. Et, pour en sortir, les solutions proposées sont toujours radicales. Ici, tout au contraire, et alors qu’il est enfermé dans une cellule à l’isolement, Robert Stroud accepte sa condition : il ne cherche pas à s’évader, il fait avec ce qu’il a (les oiseaux), passant des mois à construire sobrement une cage, avec cette dilatation particulière du temps en prison. Pas de révolte, pas de frustration, mais une concentration sur ce que son univers (les quelques mètres carrés de sa prison) lui propose.


On retrouve un peu le même système de monomanie que le personnage du Joueur d'échecs de Zweig, contraint lui aussi de se concentré infiniment sur un sujet précis pour survivre. On retrouvera le même cheminement (avec la même acceptation du destin) chez le professeur prisonnier de La Femme des sables de Teshigahara.
Stroud, condamné, proscrit, donne donc une leçon de sagesse dont feraient bien de s’inspirer plusieurs des personnages des films suivants de Frankenheimer. Celui-ci propose donc, dès ses premiers films, un tout cohérent avec plusieurs films qui entrent en résonance.


 

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