Abdellatif
Kechiche, dont on sait la capacité à faire vivre des personnages, fourbit ses
armes dans ce premier film. Si Kechiche n’a pas d’autre ambition que celle de
saisir des moments de vie – comme il saura le faire si bien par la suite –, ce
premier film manque d’âme et de cette puissance que le réalisateur trouvera si
bien dans La Graine et le Mulet (qui
est cité, de façon étonnante, avec quelques sept ans d’avance…).
Il faut dire que
le cinéma de Kechiche repose beaucoup sur ses acteurs et, malheureusement, Sami
Bouajila manque de charisme. Aure Atika n’est guère convaincante (même si son
personnage a une beauté cachée quand elle repart avec son enfant et disparait
au moment du mariage), pas plus qu’Elodie Bouchez, fatigante en nymphomane
détraquée. On préférera Bruno Lochet en copain de galère au bon cœur.
En revanche on
apprécie que, sur un sujet éminemment politique, Kechiche ne cherche pas à
militer : on voit bien que la cause des immigrés, leur accueil, leur expulsion,
leur rapport avec les forces de l’ordre ou les associations d’aide, tout cela
n’est pas son sujet. Son sujet c’est de scruter ses personnages, de les
regarder évoluer, aimer, se rapprocher, se déchirer. Sur ce plan La Faute à Voltaire, qui n’a pas cette
puissance qu’auront d’autres films de Kechiche plus tard, a déjà cette
singularité remarquable en elle-même.
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